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Alors qu’il était poursuivi pour le meurtre de son cousin, Joseph Fontaine a été reconnu coupable hier de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et menaces de mort. Les faits ayant été requalifiés.
L’histoire pourrait se résumer en quelques phrases simples : deux hommes s’invectivent un soir, au portail d’une maison, les rancœurs exacerbées par l’alcool. Un mot de trop est prononcé. Ils se bousculent, l’un sort un couteau, poignarde l’autre qui s’écroule. Mort (voir encadré). Ce qui aurait pu n’être qu’un banal ralé-poussé a finalement dégénéré en drame et brisé deux familles le 30 novembre 2007 : d’abord celle de la victime, Georges Dubard, dit Ti Georges, en concubinage avec Jeanine Sadon dont il a élevé les trois enfants comme s’ils étaient les siens. Puis celle de son meurtrier, Joseph Fontaine, dit Guyto. Concubin de Marie-Nadine Sadon, sœur de Jeanine, il a trois enfants. L’homme de 51 ans, incarcéré depuis les faits, devait répondre de ses actes hier à la cour d’assises de Saint-Denis. Alcoolisés tous les deux
L’étude de sa personnalité hier matin a montré que “rien ne le prédestinait à finir dans une cour d’assises”, tel que l’a résumé le président Jean-Pierre Szysz. “Non violent et travailleur”, Guyto Fontaine est perçu par son entourage comme “quelqu’un de généreux et serviable”. Malgré ses nombreuses qualités, Guyto Fontaine a néanmoins une fâcheuse habitude. Tous les soirs, en rentrant du boulot, il boit. À l’enquêtrice de personnalité il dira “une petite bière à chaque fois”, à l’experte psychologue, il ne précise pas la quantité. Ce soir-là n’est pas différent des autres. L’examen effectué après son interpellation indiquera 1,20 g d’alcool par litre de sang, soit l’équivalent d’une bouteille de vin. “Il avait le droit de boire, il était chez lui. Rien ne l’en empêchait”, s’insurge son avocat, Me Georges-André Hoarau, presque étonné qu’on reproche à son client son état d’ébriété. Son cousin et beau-frère, Georges Dubard, 46 ans, aimait lui aussi à lever le coude très souvent. Ce jour-là, il avait 1,38 g d’alcool par litre de sang. Malgré tout, c’était un “homme calme, généreux, travailleur, avec un sens des valeurs”, indique Me Aude Cazal, avocate de la partie civile, au cours de sa plaidoirie. Légitime défense ou coups mortels Pour François Basset, nul doute que l’accusé avait bien l’intention d’en finir avec son cousin. Nul doute aussi qu’il a proféré des menaces de mort à l’encontre de sa nièce et de sa belle-sœur. “Vous étiez saoul, énervé par l’histoire de phare et celle des putes. On peut concevoir votre colère mais votre système de valeurs s’était dissolu dans l’alcool”. Même certitude du côté de la partie civile. “Pourquoi est-il sorti avec ce couteau dans la poche s’il ne voulait pas faire de mal à son cousin ?”, questionne Me Aude Cazal. “Cette arme, il aurait pu ne pas s’en servir, mais il l’a fait à deux reprises”, renchérit Me Saïd Larifou qui qualifie cette mort “de stupide, d’injustifiée et surtout, de volontaire”. Convaincu de l’homicide volontaire, l’avocat général avait requis 13 à 15 ans de réclusion criminelle, assortis d’une privation de ses droits civiques. Pour Me Georges-André Hoarau, la réaction de son client relevait de la légitime défense. “La victime, en se jetant sur lui, a pu se blesser seule et accidentellement”. Le bâtonnier de demander, si la première hypothèse n’était pas retenue, à ce que les faits soient requalifiés en coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Au terme d’une journée d’audience et de 45 minutes de délibéré, les jurés n’ont pas suivi les réquisitions de François Basset. Ils ont estimé, que si les menaces de mort à l’encontre de Jeanine Sadon et de sa fille étaient caractérisées, il n’avait cependant pas tué intentionnellement son cousin. L’accusé s’en sort avec dix ans de prison
M. Nourry
“J’ai fait une grosse connerie”
Myriam, nièce de Guyto Fontaine, avait acheté à ce dernier une épave de voiture pour 300 euros. Plusieurs mois après, et n’ayant toujours pas vu la couleur de l’argent, l’homme va exiger la somme à sa nièce. Celle-ci lui demande d’attendre encore jusqu’au lundi suivant. Le quadragénaire ne veut rien savoir et menace de détruire sa voiture. Ne voulant prendre aucun risque, la jeune femme décide de lui rendre la seule pièce qu’elle avait prélevée sur l’épave, un phare, en se faisant accompagner par son ti père, Georges Dubard. Sur place, le ton monte. D’anciennes querelles reviennent. Georges évoque devant la femme de son cousin les anciennes relations qu’il a eues avec des prostituées. Guy se saisit du couteau qu’il avait mis inconsciemment dans sa poche. “J’étais entrain de préparer des épices pour mon repas du lendemain”, explique-t-il à la cour. Il frappe deux fois, une au cou, l’autre au cœur. La victime s’effondre et décède, selon le médecin légiste, en moins d’une minute. Le cœur et les poumons ayant été atteints. Myriam, qui s’était un peu éloignée, retourne sur ses talons. Elle aperçoit son ti père immobile, effondré sur Guyto. Elle s’approche, le tire par le bras mais, c’est trop tard, il est mort. Guyto lui lance : “Maintenant, c’est out tour. Mi sa tué aou”. La femme de Georges, alertée par les cris, accourt. Son beau-frère la menace également. “Quand je me suis rendu compte de la situation, j’ai tenté de lui faire un massage cardiaque”, signale l’accusé. À l’arrivée des gendarmes, Guyto se rendra sans difficulté. “J’ai fait une grosse connerie”, leur dira-t-il. Hier, ses derniers mots ont été en direction des membres de la famille de la victime. “Je ne voulais pas faire cela. Je vous demande pardon”.
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