Délicate et difficile affaire que celle qui a commencé à être jugée hier aux assises des Deux-Sèvres. L’accusé récuse tout : “ J’étais fatigué de moi-même ”…
C oupable, je te raye, non coupable, je t’accepte… Quand une mère, d’une voix sèche et ferme, dit cela à son fils face aux jurés d’une cour d’assises, c’est qu’il y a un lourd contentieux entre les deux. Dans son box, pâle comme un linge, maigre et déplumé, Freddy regarde partir cette mère qu’il voudrait retenir alors qu’elle lui a pourri son enfance. Il faut dire que l’accusation qui pèse sur ses épaules n’est pas mince : le viol d’une fillette de deux ans et demi. Chez une mère de famille qu’il ne connaissait pas, et où l’avait invité un copain qui l’aurait surpris en train de commettre son acte. Le conditionnel est de mise, car après le passage d’une quinzaine de témoins – dont le policier enquêteur et plusieurs médecins – rien n’est éclairci à la fin de cette première journée éprouvante.
Certes il y a les faits, avoués par Freddy à la police, au procureur et au juge d’instruction – et corroborés par son compagnon. Mais qu’il nie devant le président et la cour. Il raconte d’une voix faible : « C’était un dimanche soir, mon copain m’a appelé pour venir passer la soirée chez une dame qu’il connaissait. Moi, pas. J’avais déjà pas mal bu, je suis arrivé à vélo avec deux bouteilles. La femme était sortie avec sa cousine acheter des cigarettes. Ses trois enfants dormaient dans les chambres. Nous sommes restés dans le salon. J’ai continué à picoler en parlant de choses et d’autres. Mon pote est allé voir si les enfants dormaient bien. Les deux femmes sont arrivées, on a commandé des pizzas, on a regardé la télé, c’était une série policière… J’ai continué à boire. On s’est fait des massages dans le dos… ».
La version du copain est toute autre : « J’ai entendu la petite pleurer, je suis monté à l’étage, je me suis approché de la chambre et c’est là que j’ai vu Freddy s’adonner à des attouchements sur elle. J’ai eu un blocage, et je n’ai pas osé intervenir… ».

Une poignée
d’orties
dans la culotte

Plus tard, la mère ira voir son enfant pour la changer. Elle découvre du sang sur sa couche mais n’y prête pas plus d’attention : six mois auparavant son ex-mari s’était adonné lui aussi à des attouchements sexuels sur la malheureuse fillette. Il a été condamné à un an de prison. Et la gamine garde encore quelques cicatrices.
Mais là les faits sont encore plus graves : il y aurait eu pénétration, donc viol. Des lésions importantes sont relevées autour de l’anus et de la vulve. Alors, pourquoi Freddy nie-t-il ? « Ma tête ne fonctionnait pas bien, j’étais fatigué par la garde à vue, j’ai avoué par peur, je ne peux rien expliquer, je ne sais pas… » Ce qu’il sait raconter, par contre, c’est l’enfance saccagée par une mère à côté de laquelle la Folcoche de Bazin semble une sainte. Les claques et les coups pleuvent quand les devoirs sont mal faits. Et s’il résiste, c’est la douche froide et la tête plongée dans la baignoire jusqu’à l’étouffement. Il fait pipi au lit, allez hop, c’est une poignée d’orties dans la culotte. Pire, c’est le “ supplice ” de la tortue d’eau qu’elle lui met au bout du sexe pour lui mordre le gland ! Mais c’est aussi, quand elle le lave, ce qu’il estime être une masturbation pour lui laver le sexe. Pas étonnant qu’il aille de centre socio-éducatif en hôpital psychiatrique.
La mère nie certains de ces sévices. Et trouve une excuse : elle avait seize ans quand son père a tué sa mère. Mais en est-ce bien une ?

Compte rendu d’audience Alain Dutasta

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