AFP
uatre membres de l’Eglise du Christianisme Céleste, dont son responsable en Guyane, ont été condamnés mercredi soir par la Cour d’assises de Cayenne à des peines allant de 3 à 12 ans de prison dans l’affaire de la mort d’un enfant décédé lors d’une séance d’exorcisme.
Suite aux traitements infligés entre le 31 janvier 2004 et le 3 janvier 2005, ce mineur, épileptique et souffrant de troubles psychiques, était décédé attaché sur une croix, dans un bâtiment de la paroisse Saint-Gabriel de cette église chrétienne fondée au Bénin.
Le 31 décembre 2004, la mère de l’enfant épileptique, Roger Bossé, 15 ans, l’avait amené aux membres de l’Eglise, qui avaient considéré qu’il était “possédé par le Diable” et avaient décidé de le “désenvoûter”.
Le garçon mineur avait alors été frappé pendant trois jours à main nue, flagellé avec des rameaux et des sangles et attaché les deux derniers soirs à une croix.
Il avait été retrouvé mort attaché sur la croix le lundi 3 janvier vers 6h00 par Maurice Saint-Pierre, le responsable de la communauté. L’autopsie avait révélé de multiples échymoses, un gros hématone à un oeil et des coups à la tête. Elle avait conclu à une possible mort “par suffocation”, l’enfant ayant été baillonné.
La Cour d’assises a notamment retenu l’accusation de “violences volontaires ou complicité sur une personne vulnérable ayant entraîné la mort sans intention de la donner”.
Maurice Saint-Pierre, par ailleurs agent à la mairie de Cayenne, a écopé de la peine la plus lourde: 12 ans de prison pour “violences volontaires ayant entraîné la mort”, Jean-Luc Rosa a été condamné à 9 ans pour les mêmes faits. Félicité-Denise Saint-Pierre, l’épouse de Maurice Saint-Pierre, reconnue coupable de complicité, a été condamnée à 7 ans.
Alain Lescot a été condamné à 3 ans, dont 2 avec sursis, pour “violences volontaires sur personne vulnérable”.
Maurice Saint-Pierre, son épouse et Jean-Luc Rosa ont également été condamnés pour des faits similaires de violences ou complicité (sans entraîner la mort) à l’encontre de Malika Présipont, âgée de moins de 15 ans au moment des faits.
Fouettée et elle aussi attachée à une croix pour “guérir d’une maladie”, la jeune fille, aujourd’hui âgée de 18 ans, est venue témoigner au procès. Elle avait dû être évacuée vers l’Hexagone après avoir reçu ce “traitement”.
Les condamnations ont été au-delà des réquisitions de l’avocat général, qui avait demandé de “4 à 9 ans” pour les quatre accusés.
Le verdict est “sévère et nous oblige à faire appel, car on n’a pas la cause véritable de la mort” (de Roger Bossé), a déclaré à l’AFP José Lama, l’un des trois avocats des accusés.
“C’est un mineur vulnérable qui a perdu la vie, attaché et baillonné sur la croix. C’est dramatique et choquant. Le verdict est rempli de bon sens”, a réagi Jérôme Gay, l’un des avocats de la partie civile.
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