Diot, 28 ans, en détention provisoire depuis plus de deux ans, a d’abord pleuré. Il a ensuite menacé la famille de la victime : « Je connais votre adresse, on se reverra dans douze ans ! » Puis il a attrapé une chaise et tenté de la jeter. Il a dû être ceinturé et mis au sol par les policiers. Idem pour Roi, 38 ans, les insultes à la partie civile et les pleurs en moins. Pour finir, après l’audience qui a fixé les dommages et intérêts, Jean-Claude Diot a adressé un bras d’honneur au frère et aux s’urs de Claudine Devineau.
La troisième et dernière journée du procès a débuté par une surprise, hier. L’avocat général, Bernard Salvador, a demandé ? et finalement obtenu ? la requalification du crime. Jean-Claude Diot et Stéphane Roi comparaissaient pour le meurtre (c’est-à-dire l’homicide volontaire) de Claudine Devineau. Honnête, le représentant du ministère public a expliqué aux jurés ne pas pouvoir leur « démontrer qu’ils (les accusés, ndlr) ont voulu la tuer. Vous les condamnerez donc pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. » On passe de trente ans de réclusion criminelle encourus au maximum pour meurtre, à vingt ans pour coups mortels en réunion.
Les avocats des deux accusés ont demandé l’acquittement. « Nous avons un dossier qui comporte des zones d’ombres importantes, des questions sans réponse et des lambeaux de preuves », a lancé Bertrand Couderc, conseil de Stéphane « Farid » (comme il se fait appeler) Roi. S’il reconnaît que son client, avec ses trente condamnations inscrites au casier judiciaire « n’est pas un agneau », il possède néanmoins un argument majeur : « On ne peut être ni le complice, ni l’auteur du meurtre de quelqu’un qui est déjà décédé ». Car parmi les multiples versions livrées par Diot lors de ses aveux en garde à vue, une présente Roi comme étant simplement ? ce serait déjà beaucoup? ? venu aider son ami à jeter la victime dans l’eau.
C’était plus difficile pour Bérenger Tourné, avocat de Jean-Claude Diot, qui a avoué avant de se rétracter. Il évoque « un mauvais roman de gare rédigé par [son client] en garde à vue ». Pour lui, les aveux de Diot, parce que rétractés, ne prouvent rien.
Reste l’homme grâce à qui ? ou à cause de qui, suivant le côté de la barre où on se place ? ce procès a eu lieu ; celui qui, un jour qu’il était en garde à vue pour une autre affaire, a balancé Jean-Claude Diot et Stéphane Roi. Comme Me Couderc (même si ce témoignage n’égratigne pas trop son client), Me Tourné a tenté de décrédibiliser ce témoin. « On a fait des dires de quelqu’un qui a un casier judiciaire long comme mon bras, d’un menteur notoire, le postulat de base de cette affaire. » Et l’avocat de lâcher : « Des aveux ont fait des erreurs judiciaires. »
La cour n’a pas été convaincue. Stéphane Roi et Jean-Claude Diot ont dix jours pour faire appel.
Geoffroy Jeay
geoffroy.jeay@centrefrance.com
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