Stéphane Roi et Jean-Claude Diot, deux SDF berruyers, ont été condamnés à douze ans de réclusion criminelle hier par la cour d’assises du Cher, à Bourges. Ils étaient jugés pour avoir tué une femme de 43 ans, à Chârost, en 2004.
L’un est arrivé libre au palais de justice ; l’autre menotté. Après le procès, qui a duré trois jours et s’est achevé hier soir, les deux sont repartis menottés.La cour d’assises du Cher a condamné Stéphane Roi et Jean-Claude Diot, deux SDF berruyers, à douze ans de réclusion criminelle pour avoir frappé puis jeté à l’eau Claudine Devineau, une femme de 43 ans, à Chârost en 2004. C’est une année de moins que les réquisitions. Tous les deux se disaient innocents et ont très mal accueilli le verdict.

Diot, 28 ans, en détention provisoire depuis plus de deux ans, a d’abord pleuré. Il a ensuite menacé la famille de la victime : « Je connais votre adresse, on se reverra dans douze ans ! » Puis il a attrapé une chaise et tenté de la jeter. Il a dû être ceinturé et mis au sol par les policiers. Idem pour Roi, 38 ans, les insultes à la partie civile et les pleurs en moins. Pour finir, après l’audience qui a fixé les dommages et intérêts, Jean-Claude Diot a adressé un bras d’honneur au frère et aux s’urs de Claudine Devineau.

La troisième et dernière journée du procès a débuté par une surprise, hier. L’avocat général, Bernard Salvador, a demandé ? et finalement obtenu ? la requalification du crime. Jean-Claude Diot et Stéphane Roi comparaissaient pour le meurtre (c’est-à-dire l’homicide volontaire) de Claudine Devineau. Honnête, le représentant du ministère public a expliqué aux jurés ne pas pouvoir leur « démontrer qu’ils (les accusés, ndlr) ont voulu la tuer. Vous les condamnerez donc pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. » On passe de trente ans de réclusion criminelle encourus au maximum pour meurtre, à vingt ans pour coups mortels en réunion.

Les avocats des deux accusés ont demandé l’acquittement. « Nous avons un dossier qui comporte des zones d’ombres importantes, des questions sans réponse et des lambeaux de preuves », a lancé Bertrand Couderc, conseil de Stéphane « Farid » (comme il se fait appeler) Roi. S’il reconnaît que son client, avec ses trente condamnations inscrites au casier judiciaire « n’est pas un agneau », il possède néanmoins un argument majeur : « On ne peut être ni le complice, ni l’auteur du meurtre de quelqu’un qui est déjà décédé ». Car parmi les multiples versions livrées par Diot lors de ses aveux en garde à vue, une présente Roi comme étant simplement ? ce serait déjà beaucoup? ? venu aider son ami à jeter la victime dans l’eau.

C’était plus difficile pour Bérenger Tourné, avocat de Jean-Claude Diot, qui a avoué avant de se rétracter. Il évoque « un mauvais roman de gare rédigé par [son client] en garde à vue ». Pour lui, les aveux de Diot, parce que rétractés, ne prouvent rien.

Reste l’homme grâce à qui ? ou à cause de qui, suivant le côté de la barre où on se place ? ce procès a eu lieu ; celui qui, un jour qu’il était en garde à vue pour une autre affaire, a balancé Jean-Claude Diot et Stéphane Roi. Comme Me Couderc (même si ce témoignage n’égratigne pas trop son client), Me Tourné a tenté de décrédibiliser ce témoin. « On a fait des dires de quelqu’un qui a un casier judiciaire long comme mon bras, d’un menteur notoire, le postulat de base de cette affaire. » Et l’avocat de lâcher : « Des aveux ont fait des erreurs judiciaires. »

La cour n’a pas été convaincue. Stéphane Roi et Jean-Claude Diot ont dix jours pour faire appel.

Geoffroy Jeay
geoffroy.jeay@centrefrance.com

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