CLICANOO.COM |Condamnée à 14 ans de réclusion criminelle en première instance, Corinne D. a écopé hier de 10 ans de réclusion à l’issue de son procès en appel. Cette mère de famille était jugée pour des faits particulièrement sordides puisque commis sur ses propres enfants.

“Abject, innommable, écœurant, voir dégueulasse”. C’est par ces qualificatifs que le vice-procureur Marc Hellier a débuté sa plaidoirie hier à la cour d’assises de Saint-Denis. Il faut dire que l’affaire examinée était particulièrement sordide. L’ordonnance de mise en accusation, lue par la greffière en début d’audience, a rappelé le détail des faits ignobles commis dans leur globalité entre 2002 et 2006. Les auteurs, ni plus ni moins que les parents d’une famille recomposée, Corinne et Marcel D. ainsi que l’oncle, André T., avaient déjà été jugés l’année dernière. Reconnus coupables d’avoir fait de leur foyer un lieu de débauche et de perversités, ils ont respectivement écopé de 14, 25 et 5 ans de réclusion criminelle. Si les deux hommes ont accepté la sanction, bien que le père clamât son innocence depuis le début de l’instruction, la mère et son avocat n’étaient pas satisfaits du verdict initial. Hier, elle se trouvait donc seule dans le box des accusés pour répondre d’inceste sur son fils et de proxénétisme sur sa fille.

Légère déficiente intellectuelle

Quand Marcel et Corinne se rencontrent en 1996 par le biais d’une petite annonce passée dans un magazine, la jeune femme est mère, célibataire, de quatre enfants nés de deux précédentes unions. Mais elle est aussi alcoolique depuis l’adolescence. Ses marmailles lui ont tous été retirés parce qu’elle les maltraitait. A la barre, l’expert psychiatre dit avoir noté chez elle “une légère déficience au niveau intellectuel”. “C’est une femme immature, à la personnalité mal structurée, et très carencée sur le plan affectif”, poursuit-il. Cette affection, elle en recevra pendant un certain temps de Marcel D. Elle l’épouse alors qu’elle l’a rencontré à quelques reprises seulement, après sa sortie de prison. “Elle a fait entrer le loup dans la bergerie”, lance le vice-procureur. Leur mariage donne l’occasion à Corinne de se sentir aimée, elle qui, selon son avocat Me Satish Rambhujun, “n’a jamais connu autre chose que la haine et la détresse à la place de l’amour”. Deux garçons naîtront de ce nouveau mariage. En 2002, Marcel qui veut absolument que la famille soit à nouveau réunie, commence par reconnaître le fils aîné de sa compagne, Kévin*, alors âgé de 13 ans. Ce dernier, placé en famille d’accueil, regagne peu à peu le domicile familial. Il commence par passer les week-ends et les vacances auprès de sa mère naturelle, et de son ti père, avant de s’installer définitivement chez eux. Les liens sont également rétablis avec sa demi-sœur, Nathalie*, placée elle aussi en foyer. Mais courant 2004, les choses dégénèrent. Amour et perversité se confondent : le fossé des générations n’existe plus, les barrières morales s’affaissent. Marcel impose au fils des actes de nature sexuelle avec lui. Plus tard, il obtiendra également de ce dernier qu’il couche avec sa propre mère devant lui ou même temps que lui. Les faits se dérouleront à plusieurs reprises.

Des coucheries contre-nature

Le jeune garçon est aussi contraint de coucher avec sa propre sœur. Cette dernière, marquée par toutes ces années de “coucheries contre nature”, est actuellement placée sous curatelle renforcée. Elle a fait plusieurs tentatives de suicide et doit se rendre au moins une fois par mois à l’hôpital psychiatrique : ses facultés mentales sont altérées.”C’est une handicapée de la vie”, déplore son avocate, Me Sophie Vidal. Pourtant, Nathalie avait porté plainte une première fois début 2004 mais, faute de preuves, l’affaire avait été classée sans suite. La démarche, mal reçue par ses parents, est vue comme une trahison : pour la punir, ils lui imposent une relation sexuelle avec eux deux. A l’instar de sa mère, Nathalie est en manque d’affection et ce besoin d’aimer elle le répercute sur son beau-père de qui “elle croyait être amoureuse”. A 14 ans, elle devient progressivement la maîtresse du mari de sa mère mais dénonce à nouveau son ti père en juillet 2004. L’homme écope de 2 ans de prison. Durant cette période, dans le dos de son mari, Corinne prostituera sa fille avec son beau-frère, André T., qui est également son amant, pour 50 euros. “Voilà la somme à laquelle elle estimait le corps de sa fille, la chair de sa chair, le sang de son sang”, s’insurge dans sa plaidoirie Me Sophie Vidal.

“C’est une bombe à retardement”

Pour Me Catherine Moissonnier, “cette mère avait la capacité de réagir. Elle n’a rien fait. Pire, elle a même agi de sa propre initiative en proposant des rapports à son fils alors que Marcel D., soi-disant instigateur des crimes, était incarcéré”. Puis l’avocate de Kévin d’expliquer ses craintes quant à la possibilité pour son jeune client de ne pas pouvoir réussir à surmonter son passé douloureux. “C’est une bombe à retardement”, redoute-t-elle. Du côté du parquet, le, vice-procureur Hellier a comparé la maison des accusés à “un huis clos sordide” et requis au moins 12 ans de réclusion criminelle. Il a démontré que Corinne D. “avait orchestré le proxénétisme”, ce qu’a réfuté Me Satish Rambhujun. Pour lui, la mère, “bien que coupable, est aussi la victime d’un Dalleau qui s’est posé comme un gourou. Il a effacé le libre arbitre de ses victimes en leur disant que ce genre de relations était normales puisque même les animaux le font”. Des arguments qui ont apparemment fait mouche chez les jurés. Ils ont condamné l’accusée à 10 ans de réclusion criminelle

Mélodie Nourry

* Prénom d’emprunt

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