Bert Smeets appelle d’autres personnes qui auraient été victimes d’abus à ne pas participer à la commission d’enquête créée par l’Eglise elle-même et qui sera présidée par Wim Deetman, un protestant, ex-président de la Chambre des députés et membre du Parti chrétien-démocrate (CDA).
La commission, chargée d’une mission “externe et indépendante”, examinera les plaintes enregistrées par Hulp & Recht (Aide et droit), l’instance chargée, depuis quelques années, d’enregistrer les griefs contre des religieux.
A l’heure actuelle, 350 personnes se sont manifestées auprès de ce service, dont l’action ne fait pas l’unanimité : Yvo van Kuijk, un magistrat d’Arnhem, a quitté son poste de vice-président il y a deux ans en critiquant sa “passivité”.
La hiérarchie catholique affirme pourtant qu’elle entend faire “toute la clarté”. Son attention “se porte, en premier lieu, sur les victimes, que les affaires soient anciennes ou les auteurs décédés”, affirme Patrick Chatelion Counet, porte-parole de la commission d’enquête. “Nous sommes profondément touchés ; c’est une page noire de l’histoire de l’Eglise catholique”, a expliqué Gerard de Korte, évêque de Groningue.
ABUS “PAS ASSURABLES”
La hiérarchie souligne par ailleurs qu’elle a opté pour la transparence, quitte à se démarquer des directives de la Congrégation pour la doctrine de foi qui, en 2001, invitaient les évêques à traiter en interne les affaires d’abus sexuels commis par des membres de l’Eglise.
L’enquête conduite par M. Deetman ne commencera officiellement que dans quelques semaines. Elle s’annonce longue, complexe, mais n’est pas une surprise. En 2006, l’archevêché d’Utrecht s’est, par exemple, assuré à hauteur de 1 million d’euros pour faire face à d’éventuelles plaintes, a révélé le quotidien NRC Handelsblad. Une pratique critiquée par l’évêque de Roermond, Stan Hoen, pour lequel les abus sexuels de religieux ne sont “pas assurables”.
Malgré les promesses formulées par les évêques, l’opinion publique, heurtée par les révélations qui s’accumulent, doute déjà des conclusions qui seront formulées par la commission Deetman.
Divers témoignages recueillis par la presse auprès de victimes ou de leurs proches indiquent, en effet, que, lorsqu’ils ont réclamé des éclaircissements et des excuses, leurs témoignages ont souvent été étouffés ou minimisés. Dans certains cas graves, les auteurs des abus ont été simplement déplacés. Dans d’autres, les responsables des institutions concernées ont contesté publiquement les affirmations des victimes.
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