“Une agression prolongée et d’une violence sadique” sans autre motif que le plaisir, a lancé le juge aux jeunes coupables, dont les noms n’ont pas été rendus publics compte tenu de leur âge. “Je suis sûr que vous présentez un risque très élevé de faire du mal à autrui”, a poursuivi M. Keith, indiquant que leurs actes pouvaient “ s’apparenter à de la torture” et que leur “détachement glaçant”, tout comme leur absence de remords, était hautement inquiétant.
Au cours des deux jours d’audience au tribunal de Sheffield, il est apparu que l’agression perpétrée par les deux frères était aussi gratuite que cruelle. “On n’avait rien à faire”, ont-ils déclaré à la police peu de temps après les faits, qui se sont produits dans l’ancienne cité minière d’Edlington, près de Doncaster (South Yorkshire). Quand ils ont vu leurs futures proies au square, en ce samedi printanier, ils ont décidé de mettre un peu d’animation dans cette journée qui traînait trop.
Sous prétexte de leur montrer un renard mort, ils les ont emmenés loin des regards. Au cours des quatre-vingt-dix minutes qui ont suivi, les frères se sont acharnés sur les deux garçons. Ils les ont étranglés, frappés à coups de brique, dénudés, lacérés, brûlés, coupés. Ils leur ont fait manger des orties, les ont couverts d’une bâche en plastique à laquelle ils ont mis le feu, les ont forcés à se livrer à des actes sexuels l’un avec l’autre. Le plus âgé des deux a même reçu une cuvette de WC en céramique sur la tête.
“Psychopathe” en puissance
L’audience du tribunal a eu droit à un extrait des exactions, filmées pendant une dizaine de secondes par l’aîné sur le téléphone de l’une des victimes. On y voit son cadet danser joyeusement autour d’un petit corps prostré, le visage ensanglanté. On l’entend lui annoncer sa mort prochaine. Et hurler de rire, avec son frère.
Au bout d’une heure et demie, à force de frapper et de jeter des pierres, les deux enfants ont fini par avoir mal aux bras. Ils ont alors abandonné la plus âgée de leurs victimes inconsciente au sol, tandis que la plus jeune a été retrouvée plus loin, errant couverte de sang et en état de choc. “Vas-y, je vais mourir ici”, lui avait intimé son camarade.
Les deux tortionnaires, issus d’une fratrie de sept garçons, ont grandi dans un milieu “toxique”, a fait valoir la défense. Le père alcoolique, maladivement jaloux, bat sa femme. La mère, dépressive et droguée, perd pied. Dès 9 ans, l’aîné fume du cannabis, boit du cidre et de la vodka, regarde des films ultraviolents et pornographiques. Son cadet suit ses traces. Aujourd’hui, pour Eileen Vizard, la pédopsychiatre qui l’a examiné, il est un “psychopathe” en puissance, “qui continuera à faire du mal tant qu’on ne l’arrêtera pas”.
Durant les deux ans qui ont précédé les faits jugés vendredi, les deux garçons s’étaient fait connaître des services de police, en agressant des enfants et des adultes. Les services sociaux, dont la gestion du dossier est très critiquée, avaient été saisis à de multiples reprises.
Pourtant, lorsque la mère, après le départ de son mari, leur a demandé de placer ses fils en famille d’accueil et surtout de les séparer, elle n’a pas été entendue. C’est ensemble qu’ils sont arrivés dans leur nouveau foyer à Edlington. C’est ensemble que, trois semaines plus tard, ils ont torturé deux enfants croisés dans un square.
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!