Salimou Fofana avait hébergé et nourri occasionnellement Namingui Baya ; il gardait chez lui le dossier de régularisation du Guinéen sans papiers. C’était, semble-t-il, suffisant pour que le ministère public réclame cinq mois de prison avec sursis.
Le prévenu n’est même pas là : il avait
prévu un voyage en Guinée depuis longtemps. Sa femme, discrète, est présente et s’éclipse à la sortie du tribunal pour l’appeler. Ceux qui sont venus soutenir Salimou Fofana s’en vont aussi, soulagés, tandis que se félicite Jean Malié, le porte-parole ruthénois de la ligue des droits de l’homme : « C’est rassurant de savoir que la justice s’est montrée indépendante du pouvoir politique ».
La situation est d’autant plus absurde que Namingui Baya a vu sa situation régularisée… cinq jours après la comparution de Salimou Fofana, le 22 juin exactement. Enfin, l’autre dossier qui concernait le prévenu, une enquête pour travail dissimulé menée par la gendarmerie de Millau, n’a pour l’instant donné lieu à aucune poursuite. Les deux affaires sont de toute façon totalement distinctes.
Beaucoup de bruit pour rien, alors ? M e Mazars, l’avocat de Salimou Fofana, s’en défend : « Je pense que c’est une décision importante. C’était la possibilité de poursuivre les associations d’aide aux sans-papiers, ou aux simples particuliers. Au moins, la solidarité ne sera pas stigmatisée ». Le jugement ferait-il alors jurisprudence ? « Il faut attendre la motivation de la décision du tribunal », nuance l’avocat. Réponse dans une dizaine de jours. On saura alors si la solidarité envers un sans-papiers risque de devenir un délit. En attendant, Salimou Fofana peut rentrer de Guinée l’esprit tranquille.
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