Malgré ses dénégations, Gevy Nguema Bemba n’a pas convaincu la cour d’assises de l’Aisne. Il a été condamné à cinq ans de prison dont deux ferme pour le viol d’une jeune fille.
L’attente a été longue pour cet homme de 31 ans, originaire du Gabon, bien inséré professionnellement, aux réelles capacités d’adaptation. Le verdict a été rendu à près de deux heures du matin, samedi, après trois heures quinze de délibérations.
« Dans la vente, il faut savoir convaincre » avait-il dit en évoquant son métier de télé prospecteur. Dans le box, il s’est comporté comme à son travail, lorsqu’il essaie d’arracher un contrat. Son intelligence et son acharnement à faire admettre son point de vue n’ont pas suffi à décrédibiliser la jeune fille qui l’avait accusé de viol en juin 2006.
Peu avant la fin de l’instruction du dossier, sa structure lisse s’était fissurée sous les assauts répétés de l’avocat de la partie civile, Me Marc Antonini et de Julia Schmol, l’avocat général.
Dans sa plaidoirie, Me Antonini, a qualifié l’accusé de « Spiderman du viol ». « C’était un garçon boulimique de sexe, une frénésie qu’il ne savait pas maîtriser. Il y avait longtemps qu’il voulait arriver à ses fins avec cette fille fragile. Il a tissé sa toile pour y parvenir. »
La sincérité de la jeune fille ne faisait aucun doute pour l’accusation. Pas seulement en raison de quelques éléments matériels, mais à cause du comportement de la victime ; surmontant sa frayeur, elle s’était immédiatement dirigée vers le commissariat pour porter plainte, en pleine nuit. « Elle a dû se faire violence, car c’est une personne renfermée » dit Julia Schmol.
L’avocat général met à bas les thèses de Gevy Nguema Bemba sur sa présence devant la justice. Celles de la partie civile d’un chantage à l’argent ou la crainte de se retrouver enceinte, suite au déchirement du préservatif. « L’accusé n’avait pas un sou à l’époque et la victime était sous contraception orale. Trouvez-moi un mobile ! »
Elle requiert une peine d’au minimum cinq ans de prison.
À la défense, Me Philippe Vignon, n’a pas voulu tenir compte des « pirouettes judiciaires » de son adversaire. « Il y a peu de choses dans ce dossier qui a été noirci. Il faut donc enfoncer des clous, des idées simples. »
Au crédit de son client, il a cité sa capacité à rebondir. « C’est un garçon attachant, au parcours difficile, écartelé entre deux pays, deux religions, deux milieux sociaux. » « Il est séducteur, mais certes pas manipulateur. » Pour Me Vignon, dragueur ne rime pas forcément avec violeur.
Un mandat de dépôt a été délivré à l’audience. Gevy Nguema Bemba est parti, menottes au poignet, en prison pour deux ans. Il sera ensuite soumis au régime du sursis avec mise à l’épreuve pendant trois ans avec une obligation de soins et l’interdiction de rencontrer sa victime. Il sera inscrit au fichier judiciaire informatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes, dont les contraintes sont très strictes. Il a dix jours faire appel de ce verdict.
En entendant la sentence, il a plongé son regard dans celui de son épouse, mère de leurs deux enfants, qui l’a soutenu sans faille depuis les faits. La jeune femme a éclaté en longs sanglots dans les bras de son père qui l’a éloignée dans la salle des pas perdus pour la réconforter.
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