Les locaux des transports de fonds Ardial, devenu Valiance, se trouvaient à proximité  du Crédit Agricole de la rue Bergson à Saint-Etienne / Archives Le Progrèszoom

Les locaux des transports de fonds Ardial, devenu Valiance, se trouvaient à proximité du Crédit Agricole de la rue Bergson à Saint-Etienne / Archives Le Progrès

Un reliquat du dossier a été étudié hier. Près de quinze ans après les faits, la cour d’assises a jugé une femme accusée d’avoir recelé une partie du butin. Et l’a condamnée à trois ans avec sursis

La femme présente hier matin dans le box des accusés a été jugée près de quinze ans après les faits qui lui sont reprochés, le recel aggravé d’argent provenant du braquage Ardial (lire ci-dessous). Presque un record.

Lorsque les principaux protagonistes de cette affaire de haut vol sont passés devant les assises, en 1999, Malika Bouhaia n’avait pas pu être jugée en raison de son état de santé. Atteinte d’une maladie rénale lourde, sous dialyse depuis 1989, greffée à deux reprises, puis souffrant d’un lymphome, elle allait alors d’hospitalisation en hospitalisation. « Son pronostic vital est engagé depuis 1985 » a dit l’expert-médecin.

Reporté logiquement à l’époque, ce procès a alors disparu des rôles d’assises. Pour finalement être exhumé aujourd’hui après de longues années d’oubli. « Mieux vaut tard que jamais » ont dû penser les avocats de la partie civile (Ardial devenu Valiance), désireux de récupérer un peu de l’argent évaporé. Ils commençaient à désespérer malgré leurs relances régulières. Car les sommes conséquentes (2,5 millions de francs/400 000 euros) qu’aurait recelées l’accusée ont été placées à l’époque. L’argent est bloqué faute d’aboutissement de la procédure. « Notre société, victime de ces agissements, espère au moins récupérer cela » a dit Me Boissier pour la partie civile. Un simple lot de consolation car il faut savoir qu’il reste encore plus de dix millions (+ 1,5 million d’euros) dans la nature à ce jour ! Sont-ils planqués ou ont-ils été transformés en euros ? Mystère.

Outre l’aspect financier, la Cour a repris les grandes lignes de l’affaire et cherché à savoir si la quinquagénaire a commis l’infraction de recel en connaissant la provenance des fonds. « Mon mari m’a demandé de l’aider à placer l’argent. J’ai posé des questions. Il n’a rien voulu dire. J’ai pensé que c’était douteux, mais j’étais malade. Il m’aidait à m’occuper des enfants. J’avais trop peur de le perdre » a répété l’accusée. « Elle n’a pas eu d’autre alternative à ce moment-là. Elle n’a pas pu dire non » a ajouté son avocate, Me Frédière.

Tout en invitant les jurés à prendre en compte l’état de santé de l’accusée, le temps écoulé, l’avocat général, Mme Benoît, a estimé qu’elle « avait participé activement au travail de blanchiment. Elle a reconnu se douter de l’origine des fonds. Les faits sont caractérisés ». Elle a requis trois ans d’emprisonnement avec sursis.

Elle a été suivie par la cour et les jurés qui ont décidé de ne pas renvoyer Malika Bouhaia, qui avait fait quatre jours d’emprisonnement en 1995, en maison d’arrêt. Elle a écopé de trois ans de prison avec sursis.

Alain Colombet

« Le braquage du milliard » : main basse sur 12,3 millions de francs

On l’avait appelé le « braquage du milliard » (de centimes) ou « le casse du siècle », car la somme dérobée dépassait les 12,3 millions de francs (1,8 million d’euros).

Le 6 janvier 1995, un caissier de la société de transports de fonds Ardial et sa femme étaient séquestrés à leur domicile stéphanois par trois individus. Au petit matin, il était soumis à un chantage. Où il coopérait en ouvrant l’accès du sas des fourgons blindés dans les locaux d’Ardial (située près du siège du Crédit Agricole rue Bergson à Saint-Étienne), ou sa femme aurait des ennuis. Celle-ci avait été emmenée dans un véhicule par deux individus qui n’ont pas été identifiés.

Vers 6 heures, après le départ des fourgons l’un des malfaiteurs, armé, grimé, se présentait avec son véhicule à la société. Le caissier lui ouvrait l’accès aux coffres. Il chargeait plusieurs sacs de billets.

L’enquête aboutissait à plusieurs interpellations entre mai et décembre : d’abord, à La Ricamarie,d’une femme au grand train de vie, puis de deux hommes.

Au procès, en 1999, Maamar Cheaibi, un Chambonnaire accusé d’être l’auteur principal du casse, niait mais écopait de 18 ans de réclusion criminelle.

Enrico Bernardini, demeurant à Montbrison, présenté comme l’indicateur du coup, écopait de huit ans ferme. Un courtier en assurances, accusé de blanchiment, écopait de quatre ans avec sursis.

A.C.

le 13.11.2009 04h00

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