« Je ne l’ai pas tuée ». Joao Da Silva a beau nier le meurtre de son ex-compagne et affirmer que cette dernière s’était suicidée, il n’a toujours que sa bonne foi à opposer. Son procès en appel, qui a commencé mardi devant la cour d’assises du Rhône, ne semble pas avoir apporté d’élément nouveau depuis celui qui avait eu lieu en première instance à Bourg. Et au terme duquel cet homme de 43 ans avait été condamné à 18 ans de réclusion. Les faits datent du 27 mars 2006 à Saint-Etienne-du-Bois dans la maison de Da Silva. Vers 5 heures, après une nuit alcoolisée de palabres avec son ex-compagne, l’accusé prend une carabine à canon scié et amorce un geste qui indique qu’il va se suicider. Renée Charrier, à moitié allongée dans un canapé avec 3 g d’alcool, se serait emparée de l’arme, aurait pointé le canon contre sa tempe, et tiré, laissant Da Silva sans réactions. A quelques mètres de là, leurs deux enfants de 2 et 4 ans, dont ils partagent la garde, dorment dans une chambre. Après le légiste mardi, l’expert en balistique est venu à son tour exprimer ses profonds doutes quant à cette version des faits. Expérimenté et chevronné, ce spécialiste n’a pas trouvé la clé de ce suicide. Le simple fait que la victime se soit soudainement emparée de l’arme, alors que Da Silva avait le doigt sur la queue de détente et était forcément surpris, aurait dû faire partir le coup. D’autres détails clochent : alors que 95 % des suicides par arme s’effectuent avec une arme pointée perpendiculairement au cerveau, la trajectoire a cette fois été ascendante, ce qui a dû obliger la victime à une contorsion peu évidente. Ajoutons à cela qu’elle avait le bras en partie coincé dans le canapé, qu’elle avait l’esprit brumeux, que le suicide par arme à feu n’est pas un choix très féminin, la thèse du suicide diminue au fur et à mesure que celle du meurtre augmente. Et puis cette femme de 38 ans était-elle suicidaire ? « C’était une battante. Jamais elle n’aurait fait cela alors que ses deux enfants étaient dans la maison » a témoigné Cyndi, sa fille née d’un premier mariage. Il y a eu aussi les jours qui ont précédé le drame. Les pressions et le chantage de Da Silva, ivre de jalousie et incapable de supporter la séparation. Le soir du 26 mars, il avait menacé de s’en prendre aux enfants, ce qui avait conduit Renée Charrier à venir durant la nuit… Autant de charges qui n’ont pourtant jamais entamé la détermination de l’accusé : « Je ne l’ai pas tuée. J’ai ma conscience pour moi ».

X. B

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