C’est ce que dénoncent deux syndicats de magistrats et d’avocats. Après les violences survenues à Poitiers, Brice Hortefeux avait appelé à sanctionner “durement les casseurs”.

Des personnes se sont rassemblées le 13 octobre devant le tribunal de Poitiers, où huit manifestants sont jugés en comparution immédiate (AFP)

Des personnes se sont rassemblées le 13 octobre devant le tribunal de Poitiers, où huit manifestants sont jugés en comparution immédiate (AFP)

Après le traitement judiciaire des violences survenues samedi dernier à Poitiers, le Syndicat de la Magistrature (SM) et le Syndicat des Avocats de France (SAF) dénoncent dans un communiqué, vendredi 16 octobre, “nouvel épisode d’instrumentalisation de la justice”.
Samedi dernier, une manifestation organisée par un collectif anti-carcéral samedi à Poitiers pendant un festival culturel a dégénéré en violences, et le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, avait immédiatement souhaité que la justice “sanctionne et durement” les casseurs. “Manifestement, le message a été parfaitement entendu par le parquet de Poitiers qui a immédiatement déféré en comparution immédiate les quelques manifestants interpellés”, ont souligné le SM et le SAF dans un communiqué commun.

Comparution immédiate, prison et interjection en appel

La justice a en effet déféré mardi dernier en comparution immédiate les huit manifestants interpellés qui ont été condamnés à des peines de prison. Le parquet a par la suite interjeté appel de quatre des huit jugements. Les syndicats estiment que “le choix de cette option procédurale – singulièrement expéditive mais particulièrement adaptée pour surfer sur l’émotion – caractérise la soumission de plus en plus fréquente des autorités de poursuites aux injonctions de l’exécutif”.
“Au-delà de ce nouvel épisode d’instrumentalisation de la justice, cette affaire pose également la question de la surenchère sécuritaire”, ont ajouté les deux syndicats.
Ils ont dénoncé une “exploitation idéologique des faits divers et son corollaire insupportable : la mise au pas de l’institution judiciaire”.
Lundi, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux avait souhaité, après avoir constaté les dégâts et rencontré des victimes, que la justice “sanctionne et durement” les casseurs.

Peines de prison ferme

Dans la nuit de lundi à mardi, lors de la comparution immédiate, des peines de prison ferme de un mois à quatre mois ont été par le tribunal correctionnel de Poitiers, à trois des huit personnes jugées dans le cadre des violences survenues samedi dans la cité poitevine.
Les cinq autres suspects se sont vus infliger des peines avec sursis allant de deux à six mois, après une audience qui aura duré plus de huit heures et 45 minutes de délibéré.
Les huit personnes étaient jugées en comparution immédiate pour “dégradations volontaires, dégradations de biens publics, coups et blessures sur argent de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions”.
Le parquet de Poitiers a interjeté appel de quatre jugements. “Ces appels concernent des actes de violences contre les services de police et des agents de force de l’ordre”, a expliqué à la presse, le procureur de la République de Poitiers, Pierre Sennès qui représentait le ministère public lors des débats.

18 personnes interpellées samedi

Les appels concernent deux étudiants de 20 ans, Samuel et Jean-Salvy, tous deux condamnés à six mois de prison dont un ferme, avec mandat de dépôt, pour “jet de projectiles en direction d’une voiture des forces de l’ordre”. L’avocat de Jean-Salvy a également interjeté appel.
Le parquet fait aussi appel pour Charles, chauffeur livreur de 24 ans, condamné à deux mois de prison avec sursis pour “violences contre les forces de l’ordre” et de la condamnation à six mois avec sursis, de Léo, ouvrier de 22 ans, pour avoir mis le feu à un container et dégradé une cabine téléphonique à coup de pierres.
Samedi, dix-huit personnes avaient été interpellées après les violences.
Une manifestation organisée par un collectif anticarcéral samedi à Poitiers pendant un festival culturel avait dégénéré en violences, avec des actions organisées de casseurs.

(Nouvelobs.com)

NOUVELOBS.COM | 16.10.2009 | 17:55
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