Me Dupond-Moretti, attentif, devant un Jean-Pierre Consoletti désemparé,  en cette troisième journée d'audience / Dessin Christophe Busti

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Me Dupond-Moretti, attentif, devant un Jean-Pierre Consoletti désemparé, en cette troisième journée d’audience / Dessin Christophe Busti

Il y a eu comme un frémissement dans la grande salle d’audience du palais de Justice de Bourg-en-Bresse, encore bien garnie à l’énoncé du verdict. Il était 22 h 15, hier soir. Ecartant la préméditation, les jurés de la cour d’assises de l’Ain ont condamné Jean-Pierre Consoletti, 40 ans, à une peine de vingt années de réclusion criminelle.

Poursuivi pour une tentative d’assassinat commise en janvier 2007, à Péronnas, à l’arme blanche, au préjudice de l’amant de sa femme et de cette dernière, laissée handicapée à vie (nos éditions précédentes), l’homme était apparu plus fragile hier, désemparé, au troisième jour de son procès. Tantôt sûr de lui, tantôt abattu, il aura fini par abandonner cette forme d’assurance maladroite des premiers jours.

Traqué par le ministère public et les avocats des parties civiles, il ne pouvait que s’en remettre à la force de conviction de ses défenseurs lorsque l’avocat général Sophie Taupin a requis à son encontre une peine de trente ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des deux tiers. « Même les assassins du préfet Erignac n’ont pas eu droit à cette période de sûreté », avait aussitôt bondi Me Alice Cohen-Saban, laissant le soin à Me Dupond-Moretti d’insister dans ce registre, stigmatisant une « peine de mort civile », habituellement réservée aux violeurs et tueurs d’enfants : « Vous le traitez comme une crapule, comme un terroriste (…) Pourtant, si ses mains sont tachées de sang, elles ressemblent aux nôtres encore ». Et le médiatique pénaliste de dénoncer une « dictature de l’émotion », pour mieux dénoncer un réquisitoire à ses yeux excessif, prononcé dans l’après-midi : « La violence est parfois judiciaire ». À quelques mètres de lui, Agnès Collet, divorcée Consoletti, prostrée dans son fauteuil roulant : « Lorsque cette femme est arrivée, le procès a basculé ». C’est ce qu’avait prévu Me Agnès Bloise, décrivant dans la matinée le calvaire quotidien de cette mère de famille désormais handicapée : « Qu’est-ce qu’il lui reste ? Ses souvenirs, et ses enfants qu’elle ne peut même plus serrer dans ses bras ».

Frappée de six coups de couteau dont un dans la bouche, funeste destin pour une femme qui méritait d’être respectée, aimée, libre, un droit qu’on lui a retiré pour toujours ». Pour Sophie Taupin, au nom du ministère public, la préméditation ne faisait guère de doute, au regard du caractère à la fois manipulateur et impulsif de Jean-Pierre Consoletti, parti de chez lui avec un couteau pour aller à la rencontre du couple illégitime.

Dépressif, déboussolé, il n’était qu’un « brave type, ayant perdu pied », a répété Me Dupond-Moretti. Il a été entendu, à travers un verdict plus proche de la jurisprudence du crime passionnel que de la tentative d’assassinat.

Vincent Lanier

le 15.10.2009 04h00

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