Des amendes de 1.500 euros ont été requises mercredi soir contre chacun des dix nationalistes corses accusés d’avoir occupé le jardin de la propriété de l’acteur Christian Clavier dans le sud de l’île, et qui comparaissaient devant la cour d’appel de Bastia.

L’avocat général, Pierre-Yves Radiguet, a réclamé devant la cour d’appel de Bastia des amendes trois fois supérieures à celles prononcées en première instance, après cette occupation qui s’était déroulée le 30 août 2008 près de Porto-Vecchio, dans l’extrême sud de la Corse.

Parmi les personnes qui comparaissaient mercredi après-midi, figurait l’avocat et élu nationaliste Jean-Guy Talamoni.

L’avocat général a considéré qu'”il y a bien eu intrusion” dans la propriété de Christian Clavier, dont “(les nationalistes) se sont servis pour avoir une tribune médiatique”.

Quelques jours après cette intrusion dans le jardin de l’acteur, le Coordonnateur des forces de sécurité intérieures en Corse, Dominique Rossi, avait été démis de ses fonctions. Cette occupation symbolique était destinée à protester contre “la spéculation immobilière sur le littoral corse”, selon les nationalistes. Le jugement a été mis en délibéré.

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Une rocambolesque audience pour l’affaire Clavier

Bastia (Haute-Corse) DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL

Damien Delseny | 04.06.2009, 07h00

Au cinéma aussi on fait des remakes de mauvais film. Pour le procès de l’affaire Clavier, la première représentation devant le tribunal d’Ajaccio (Corsedu- Sud) était un bide. Les dix militants renvoyés pour « violation de domicile » n’étaient même pas entrés dans la salle d’audience, trop cernée par les forces de l’ordre selon eux.

Ils avaient été chacun condamnés à 500 €d’amende au terme d’un procès express devant une salle vide. Pour le « procès 2 », hier devant la cour d’appel de Bastia (Haute- Corse), l’ambiance était moins électrique. Les sept hommes — dont Jean-Guy Talamoni, un des leaders du mouvement « Corsica Libara »— et les trois femmes, qui faisaient partie de ceux qui ont investi les jardins de la villa de l’acteur à Porto-Vecchio le 20 août, se sont sagement assis au premier rang. On a pu croire un instant que cette deuxième audience allait donc se dérouler normalement. Un instant seulement.

Des réponses en corse

Premier à devoir s’exprimer, Paul-Felix Benedetti se lève et désigne une coprévenue comme « porte-parole ». Marie-Claude Branca sera donc la seule « habilitée » à répondre aux questions. Ou plutôt la seule à lire en langue corse une déclaration. Embarras du président Brunet, à qui on transmet une traduction en français du texte mais qui rappelle courtoisement que la « justice de la République » ne peut tolérer cela. Conciliabules dans les rangs. Nouvelle sortie du président : « Soit c’est en français, soit vous vous taisez. » Las, il tente d’interroger les prévenus. L’un d’eux se lève et répond en corse. Fin de la séquence burlesque.
Seul, le président revient donc sur les faits. En quelques minutes tant ce dossier est vite résumé. La manifestation à Porto-Vecchio, le déplacement du cortège au lotissement de Punta-d’Oro, les militants qui se trompent d’abord de villa avant d’atterrir par la plage dans les jardins de l’acteur, absent à cet instant. La suite est connue. Deux jours après l’occupation, Dominique Rossi, responsable de la sécurité en Corse, est limogé, une enquête est ouverte et la vague corse de l’affaire Clavier vient se briser jusqu’à l’Elysée, où Nicolas Sarkozy est accusé par certains d’avoir défendu son « ami » acteur bien au-delà de ce que l’affaire méritait. « C’est ce qui fait de cette affaire et de ce procès quelque chose d’obscène quand on sait ce qui se passe par ailleurs sur cette île, a tonné Me Mondoloni, avocat de deux des militants. L’Etat a voulu en faire une affaire personnelle. C’est bien triste. »
Dans ses réquisitions, l’avocat général a tenté de tordre le cou à la polémique en attaquant d’emblée : « Cette cour n’est pas un parlement. Le débat d’aujourd’hui est juridique, pas politique. »Mais après quelques instants à tenter de démontrer la « violation de domicile », il a lui aussi fini par céder critiquant d’abord les « débordements médiatiques » avant de s’attaquer au mouvement nationaliste « qui est constamment sur une ligne de provocation ». Pour faire « cesser cette surenchère », il a requis 1 500 € d’amende pour chacun des militants. Mille euros de plus qu’en première instance. Le jugement a été mis en délibéré.

Le Parisien

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