ASSISES. Peines de prison ferme prononcées contre les quatre accusés dans le braquage de l’Intermarché de Brionne.

L’avocat général l’avait déclaré. Bien que le braquage ait eu lieu dans des conditions dignes des aventures des pieds nickelés, ce 17 avril 2008, et qu’il ait été perpétré sans violence ni menace caractérisée – aucune caissière ne s’est portée partie civile – ce vol à main armée méritait la cour d’assises : « De tels faits ne peuvent être banalisés. » (lire notre édition des 4 et 5 mars).
Un message entendu par les jurés qui ont confirmé la culpabilité des quatre accusés, tous âgés d’à peine plus de vingt ans, et prononcé de lourdes peines de prison, très proches des réquisitions.

Les quatre accusés en prison
Le braqueur, Aurélien Duval, originaire de Bernay, est condamné à cinq ans ferme dont un an avec sursis. Son complice, Sébastien Lemesle, de Brionne (dix-neuf condamnations en correctionnel) écope de cinq ans ferme. Reconnu comme étant l’instigateur du braquage, David Nazon, de Brionne (dix-huit condamnations au casier) est condamné à six ans ferme. Les trois individus, détenus, restent en détention.
Le jury s’est également montré sévère à l’encontre d’Alexandra Delamare, Bernayenne de 23 ans, reconnue coupable de complicité. La jeune et frêle jeune femme, comparaissait libre. Employée dans un magasin, parfaitement insérée socialement, elle n’avait jamais eu affaire à la justice. Mais elle dort depuis hier soir en prison. Deux ans de prison (dont un an avec sursis), peine assortie d’un mandat de dépôt, ont été prononcés contre celle qui a déclaré avoir agi par passion amoureuse.

Des versions variables
Sur le rôle qu’ils avaient tenu dans le braquage, les accusés avaient donné des versions différentes. Lesquelles avaient déjà varié au cours de l’instruction. Y compris pendant les débats qui ont duré quatre jours, la position des accusés a pu varier. Ainsi David Nazon a-t-il admis qu’il n’était pas étranger à l’affaire. Et Sébastien Lemesle est allé jusqu’à déclarer être l’instigateur principal du braquage !
Selon le ministère public, le rôle tenu par chacun des accusés était parfaitement clair. Aurélien Duval a braqué le supermarché pour rembourser Nazon d’une dette de drogue. Nazon a fourni les vêtements, la moto et a indiqué à Aurélien comme procéder. Alexandra Delamare, sa petite copine, a fourni les gants et conduit Aurélien jusqu’au supermarché. Quant à Lemesle, il était prévu qu’il récupère le braqueur à moto à la sortie du magasin. C’est aussi lui qui a fourni le pistolet.
Les trois avocats de la défense se sont rejoints pour inviter les jurés à relativiser la « gravité » du braquage, mené sans violence ni menace et dans une totale improvisation : « Il n’y a pas de partie civile, et pas de préjudice, qu’il soit matériel ou moral », a plaidé Me Surel pour la défense d’Aurélien Duval, « Il a été décrit comme un gamin habillé en clown » par un témoin du braquage. Il portait un pantalon jaune fluo et un sweat-shirt rose !

Me Leroux-Bostin a demandé aux jurés d’exclure la complicité de Sébastien Lemesle qui n’avait finalement pas aidé le braqueur à prendre la fuite.
Pour Me Ben Bouali, le mobile du crime, à savoir la dette liée au trafic de drogue, n’a jamais été établi : « Il repose sur les seules déclarations d’Aurélien Duval ! » dont l’avocat a clairement posé la question de la crédibilité : « Il a chargé Nazon parce qu’il a eu peur. » Peur en l’occurrence d’assumer seule la responsabilité d’un braquage synonyme de nombreuses années de prison. Le verdict a validé ses craintes…
R. M.

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