Un quadragénaire se trouve sur le banc des accusés jusqu’à vendredi. Trois de ses enfants l’accusent de les avoir violés, au domicile familial de Châteauroux.

Cour d’assises de l’Indre

Mardi, à 9 h 30. Le président de la Cour, Étienne Fradin, prononce le huis clos. Le premier procès d’assises s’ouvre, au tribunal de Châteauroux, sur un dossier délicat. Deux garçons de 16 et 11 ans et leur sœur de 13 ans accusent leur père, Antoine (1), de les avoir violés et violentés à plusieurs reprises.
Dès l’ouverture du procès, l’avocat de la partie civile l’annonce : « Les enfants ne souhaiteront pas prendre la parole. » Ils devront toutefois, devant les cinq hommes et quatre femmes du jury ainsi que les magistrats, réitérer clairement leurs accusations. Appelés à la barre par le président, les trois enfants restent pourtant cois, se contentant de ricaner et de se donner des coups de coude.
Mais revenons sur les faits. Les enfants avaient été retirés à leurs parents depuis 2003. Lorsque le 6 juin 2005, la Direction de la prévention et du développement social (DPDS) de l’Indre alerte le parquet de Châteauroux : les enfants ont confié à des éducatrices spécialisées avoir non seulement subi des violences réitérées de la part de leurs deux parents, mais également d’avoir été violés par leur père. Une enquête est immédiatement diligentée par le parquet de Châteauroux. Les troubles du comportement des enfants sont alors mis en avant.

Déjà condamné
pour agressions
sexuelles

Lors de leurs auditions, tous trois affirment avoir subi des sévices sexuels de la part de leur père – mais également de leur mère : « Papa me mettait le doigt dans le pissou », racontera la fillette. A la maison, corrections et coups de martinet étaient récurrents. Les parents auraient même abandonné leurs enfants, alors âgés de moins de 10 ans, durant un week-end, en les enfermant dans une chambre avec pour seule nourriture de la brioche et du pain sec.
Antoine est déjà connu de la justice. En septembre 2006, il avait été condamné par la Cour d’appel de Bourges pour avoir agressé sexuellement sa fille aînée. Mais les deux parents nient catégoriquement. Tant les viols que les violences physiques. Le couple affirme ne pas s’expliquer « les mensonges » de leurs enfants. Or, tous deux sont accusés pour viols et violences volontaires. Avec deux facteurs aggravants : que le couple avait autorité sur les victimes, et que ces dernières étaient âgées de moins de 15 ans. Hier, la personnalité du père a été évoquée. A la barre, sa mère ne l’a pas ménagé, le décrivant comme « un bourru violent ». Pourtant, elle affirme n’avoir jamais vu son fils maltraité ses enfants. Son ex-épouse et l’un des fils ont également été entendus. L’après-midi, c’était au tour des experts psychiatres de se présenter devant la Cour. Notamment le Dr Guggiari, psychiatre de Bourges, qui dans son rapport exclut tout élément de perversion sexuelle chez l’accusé. Ce jeudi, la Cour doit désormais entendre les enquêteurs et d’autres experts ayant examiné les enfants.

(1) Le prénom de l’accusé a été changé afin de préserver l’anonymat des victimes.

Camille Chatillon

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