L’homme de 44 ans qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier est un récidiviste : déjà condamné aux assises en 2003 pour des faits de viol et mis en examen dans une autre affaire impliquant deux enfants sur lesquels il exerce une autorité ou ascendant, il s’en serait pris à sa filleule de 9 ans.

Reconnu coupable, il encourait dix ans de réclusion. Le tribunal l’a condamné à une peine de quatre ans dont un ferme et trois avec sursis, doublée d’une mise à l’épreuve de trois ans et d’une obligation de soins et de réparation. Jusqu’au bout, il a nié les faits (comme il persiste à nier ceux qui l’ont condamné devant la cour d’assises), appuyant la thèse du complot familial immobilier. Car l’histoire de cette famille est bien particulière, et marquée par l’inceste depuis trois générations. Au centre des tractations : une maison, propriété des parents, que le prévenu (*) et ses sœurs se disputent. Les faits qui nous intéressent remontent au dernier week-end de mai, à Cogna. Le prévenu, sorti de prison mais sous contrôle judiciaire, a installé sa caravane à côté de la maison de sa mère. Sa filleule de 9 ans, fille de sa sœur, qu’il n’a pas vue depuis 6 ans, vient passer quelques jours chez sa grand-mère pour la fête de Clairvaux. Deux nuits de suite, il aurait forcé la petite à dormir avec lui dans la caravane fermée à clé et lui aurait prodigué des caresses sur les fesses avec de la crème hydratante, étant lui-même vêtu d’un seul t-shirt. La grand-mère ne se serait que peu émue de (littéralement) laisser sa petite-fille dans la gueule du loup. Cette dernière, traumatisée de rompre la promesse faite à son parrain de garder le silence, a tout raconté à sa mère. Une plainte a été déposée le 4 juin 2009 et une enquête lancée, tandis que le prévenu était placé en détention provisoire pour non-respect de son contrôle judiciaire. Toute la famille a été entendue, y compris la mamie qui a livré des propos abracadabrantesques : « C’est bien fait pour elle, elle a fait un caprice pour dormir dans la caravane !» tout en condamnant sa fille de connaître le passé de son frère et de lui avoir « confié » son enfant.

L’expertise psychiatrique du prévenu a conclu à un sujet fruste, avec une tendance prononcée à la persécution et incapable d’éprouver de la culpabilité. Le procureur de la République a insisté sur sa dangerosité et le risque de récidive inhérent, et requis quatre ans ferme, la peine plancher, pour agression sexuelle sur mineur de 15 ans par ascendant. Quant à l’avocat de la défense, il a soutenu la thèse du complot familial et plaidé la relaxe au bénéfice du doute, sans succès. Son client restera en prison, un mandat de dépôt ayant été prononcé contre lui. Il a dix jours pour faire appel.

Delphine Givord

> (*) Pour protéger la victime mineure, l’identité de son agresseur présumé n’est pas mentionnée

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