Succession d’incendies volontaires nocturnes, à Desvres
Le 29 avril 2010, vers 5 heures du matin, les gendarmes de Desvres interviennent sur un incendie qui vient de se déclarer sur un parking de la commune, celui situé en face du centre de tri postal, rue de la Gare.
Une voiture AX est en feu. Les éboueurs qui passaient à ce moment-là ont fait le nécessaire avec un extincteur, et à l’arrivée de secours, le feu est pratiquement circonscrit. Une enquête de voisinage est aussitôt ordonnée.
Jérémie Flamand, 19 ans, est dans sa cour, à cette heure-là. Bizarre. Il se cache à la vue des divers intervenants. Il aurait passé la nuit dehors, avec Grégory Roussel, un peu plus âgé que lui. Ils ont bu beaucoup et viennent seulement de rentrer chez eux. Les bouteilles d’alcool ont été jetées dans la poubelle, un container ouvert d’où s’échappe une forte odeur d’essence.
« Un pari stupide »
Les deux comparses sont placés en garde à vue et nient fermement les faits. Finalement, ils admettent un pari stupide quand l’un dira à l’autre : « T’es pas capable de siphonner le réservoir de cette moto ? ». Une bouteille vide est aussitôt remplie du contenu du réservoir du deux roues. De l’essence est alors aussitôt répandue sous un fourgon. Mais le feu est éteint. Il en va de même sur la porte d’une habitation. Les flammes sont là aussi éteintes. Et puis, il y a l’AX, de l’essence répandue encore, et le briquet… et plus personne ne peut plus rien faire, ça flambe et ça ne s’arrête pas de flamber, quoi qu’on fasse.
En comparution immédiate, les deux prévenus, inconnus de la justice, osent : « On avait envie de s’amuser, c’était pour voir… sous le fourgon, on ne l’a pas fait exprès. C’est accidentel, car il n’y avait pas de bouchon sur la bouteille. Ce fut une maladresse. Pour le reste, saoul, on a peut-être voulu nous épater l’un l’autre. On a fait n’importe quoi ».
La propriétaire de la voiture est mère de trois enfants, « et ma seconde voiture était garée tout à côté… pour les courses, l’école, c’est sûr, ça va être pratique ! Ça fait 4 mois que je l’ai achetée et c’est une épave ». Elle sollicite le versement de 1 500 euros de dommages et intérêts.
« Avant, les faits d’incendie criminel relevaient de la cour d’assises, souligne le procureur. Mais aujourd’hui, messieurs, c’est tout de même une peine de 10 ans encourus. Le stress de la population est majeur face à des faits d’incendie volontaire. Ça brûle tout le temps, partout, désormais. Le feu, c’est bien connu, ça ne se maîtrise jamais. C’est un jeu qui relève de quelques abrutis, dont vous êtes, certes plus bêtes que méchants. Je préviens tout le monde. À chaque fois, ce sera la comparution immédiate. Vous comparaissez libres. Mais un jour en détention provisoire ne vous aurait pas fait de mal ».
Il requiert pour chacun 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis simple.
« Mes clients ont agi ensemble, souligne Me Chaumetou, en défense. Ils ne le nient pas. Les faits sont absurdes et eux se qualifient eux-mêmes de -jeunes cons-. Un défi et des faits qui prennent de l’ampleur à en devenir incontrôlables. Peut-être un TIG pour leur mettre le pied à l’étrier ».
Chacun écope de 18 mois de prison avec sursis à condition effectuer un TIG de 140 heures à effectuer dans le délai de 2 ans, avec obligation de dédommager la victime. La liquidation civile aura lieu le 24 septembre 2010… « Vous êtes prévenu et condamné, même, il n’y aura pas d’autre avertissement… », souligne la présidente.
B. G.
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