vendredi 24 juillet 2009


Théâtre Le Temple
18, rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
Tel : 01 43 38 23 26
Métro : République

Ecrit par Sandrine Sarroche et Olaaf Brentot
Mis en scène par Michel Thibaud

Ma note : 7,5/10

Mon avis : Décidément, depuis une dizaine d’années, l’arrivée massive de jeunes femmes dans l’univers du one-woman show est un véritable phénomène. D’autant qu’elles assurent vraiment et sans se marcher sur l’extrémité des escarpins tant elles évoluent pour la plupart dans des registres différents. Le seul lien qui les relie, c’est qu’elles sont vraiment marrantes et, le plus souvent, vachement gonflées.
C’est le cas de Sandrine Sarroche, jolie jeune femme à la silhouette élancée et au sourire dévastateur, qui a choisi de jeter sa robe d’avocate aux orties pour se lancer dans le domaine, bien plus piquant, de l’humour. On l’avait découverte dans son tout premier spectacle JE suis Ségolène, elle nous revient aujourd’hui pour un deuxième tour avec une fresque absolument désopilante sur Nos amis les pipoles.
Dans ce Temple du rire où Sandrine est la grande prêtresse iconoclaste et pas très catholique, elle nous offre un véritable show. Lorsqu’on quitte la salle, on a l’impression d’avoir assisté à un spectacle total : il y a de la comédie, de la chanson, de la danse, de la parodie, de l’imitation, de la pantomime… Que voulez-vous de plus ? Du rire ?… Alors là, vous allez être gâté. Pendant près d’une heure et demie, la jeune femme enchaîne les thématiques sur les people à un rythme effréné. C’est bien construit, remarquablement écrit (son passé d’avocate plaide en sa faveur) et parfaitement interprété.
Dès son irruption sur scène, tout de blanc vêtue et arborant un t-shirt sur lequel est inscrit le mot « COACH », elle prend le public pour témoin ; en fait comme si elle s’adressait à des jurés en cours d’assises. Sur le banc des accusés, les people. Très conviviale, complice, elle attaque sur le physique (les dents de la jeune Céline Dion) et les has been (Les « PPDA », People Préhistoriques Devenus Anonymes). Le ton est donné. Il est caustique, acide, moqueur. Elle balance grave. Elle a un petit côté chansonnier mais dépoussiéré et relooké 21è siècle.
Elle pousse agréablement la chansonnette, bouge remarquablement, prend des accents (anglais, espagnol, africain, juif…), des voix de gamine, se livre à quelques imitations vraiment jouissives (Birkin, Christophe Willem, Carla Bruni, Véronique Sanson, Cloclo…), ne recule devant aucune audace qu’elle soit physique (elle est très à l’aise avec son corps) ou verbale (qu’une ex-avocate soit crue, c’est la moindre des choses), elle ne craint pas le ridicule avec certaines postures, adore les grimaces (même dans ce registre extrême, elle ne parvient pas à s’enlaidir ; une prouesse). Bref, au propre comme au figuré Sandrine Sarroche possède une langue de vipère, fine et acérée, distillant un venin heureusement plus roboratif que venimeux.
Son spectacle, tonique tout du long, sans aucun temps mort, est émaillé en outre de fort jolies trouvailles qui le tirent encore plus vers le haut car ce sont celles qui restent imprimées dans les mémoires, comme le recyclage de la voix de Jeanne Moreau (je vous en laisse la surprise pour qu’elle conserve toute son efficacité) ou celle – excellente – de Dieu en juif séfarade pérorant devant Adam.
Sandrine Sarroche décrypte pour nous avec une verve et un talent incontestable l’univers fantasmagorique du people. Son énergie est communicative, elle dégage une réelle sympathie. On voit bien qu’elle aime les gens et qu’elle a envie de donner et de partager. Enfin, quand je dis qu’elle aime les gens, je parle du public. Car pour ce qui est de nos chers people, ile en prennent vraiment pour leur grade. Sans doute les aime-t-elle aussi ; mais en fonction de l’adage « Qui aime bien châtie bien ».
A voir. Vous y prendrez énormément de plaisir.

Publié par Critikator à l’adresse 08:55
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