bad boy / dimanche 11 octobre par Louis Cabanes

Chaque semaine pendant un mois, Bakchich revient sur ces “hors la loi” qui ont marqué l’histoire.

A partir du livre de Laurent Maréchaux, Hors la loi, paru aux éditions Arthaud, le 7 octobre

De Louis Mandrin (1725-1755), l’Histoire a conservé une complainte à la gloire du contrebandier : « La première volerie/Que je fis dans ma vie/C’est d’avoir goupillé/La bourse d’un…Vous m’entendez ?/C’est d’avoir goupillé/La bourse d’un curé ».

Le félon Mandrin préférait aux messes dominicales l’or de ses curés. Il en a d’ailleurs payé cher le prix puisque il a fini condamné le 24 mai 1755 « à avoir les bras, jambes, cuisses et reins rompus vifs sur l’échafaud et mis ensuite sur une route la face tournée vers le ciel pour y finir ses jours. »Même pas de quoi l’entendre pousser quelques cris, au printemps de l’âge, à 29 ans et deux mois.

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Le Capitaine Mandrin, de Jules de Grandpré, illustration d’H. Riballier, 1885

Mandrin, symbole de la lutte contre le système fiscal féodal

Fils de maquignon, le petit Louis a très vite été confronté aux injustices du roi Louis XV. Plus particulièrement aux fermes générales, ces délégations de pouvoir chargées de percevoir les impôts locaux, honnies de la population. Le parcours du futur contrebandier ne s’est construit que contre l’iniquité de ces taxes dont il n’a cessé d’en combattre les principes.

Suite à la pendaison de son frère pour faux monnayage en 1753, il franchit le pas de l’illégalité en organisant ses premières contrebandes de tabac avec les cantons suisses et des Etats de Savoie. Très vite, il se construit une réputation de dur à cuire en prenant la tête d’une bande de 300 larrons prêts à s’engraisser au détour de la loi.

Armés jusqu’aux dents, le flibustier et ses forbans ne choisissent pour cible que les plus impopulaires fermiers généraux. Six campagnes sont organisées durant l’année 1754. « Avec Mandrin, on accepte, on ne discute pas et si on paie on a la vie sauve. Pour étoffer ses troupes, il se met à libérer les prisonniers des villes qu’il traverse », rappelle l’ouvrage en leur disant, « C’est bien vous nos camarades, c’est bien vous qui méritez de manger encore du pain, et non pas ces assassins de commis et d’employés ».

A cela s’ajoute un redoutable trafic de marchandises de peaux, tissus, épices, qu’il vend allègrement à prix réduits dans le dos de l’administration du roi. Le petit peuple se réjouit d’un commerce qui s’affranchit des taxes sur ses produits. De quoi rendre tout rouge les commis de Louis XV qui voit dans le fripon Landrin la ruine d’un système qui leur profitait en premier lieu.

Pressés de lui faire la peau, la ferme générale demande le concours des soldats du roi pour son arrestation.« Dans la nuit du 10 au 11 mai 1755, Mandrin se fait capturer dans son sommeil de la ferme fortifiée de Rochefort-en-Novalaise. Il est emmené à Valence où l’attend le juge Fredet. Les habitants défilent jour et nuits devant sa cellule », rapporte le livre. Le procès se fait en vitesse accélérée et son exécution dans la foulée.

Le « renard » Mandrin, comme on le surnommait, reste encore aujourd’hui un symbole d’une fascination pour les bandits des grands chemins qui ont poussé l’existence à un degré envieux de radicalité qu’on terre en soi d’une petite honte.

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