Le meurtre s’est déroulé au soir du 7 novembre, dans cette rue de Sarton. «PHOTO ARCHIVES LA VOIX»
| COUR D’ASSISES DU PAS-DE-CALAIS |
Julien Vasseur et Cédric Lambert ont été condamnés hier par la cour d’assises du Pas-de-Calais à quatorze et huit ans de prison ferme avec mandat de dépôt,
pour avoir tué à l’aide d’un couteau David Goyat, le 7 novembre 2006 à Sarton, près de Pas-en-Artois. « Un crime de charognards », assure l’avocat général Élise Bozzolo durant ses réquisitions, persuadée que les deux hommes ont pillé le cadavre avant d’essayer de s’échapper des lieux du crime. Le portefeuille, les téléphones et l’autoradio de la victime ont en effet été retrouvés plus loin par les enquêteurs.
« David Goyat est mort comme un hérisson au bord de la route, tout seul, avec les deux autres qui s’activaient à côté. Sans l’aider. Mais ils s’en foutent, ils sont tout froids à l’intérieur », lâche-t-elle en fixant les accusés. « Je suis un bon à rien, j’aurais dû réagir autrement. Je n’ai pensé qu’à moi. J’étais en panique, je ne savais pas quoi faire », assure Lambert, quipleure une nouvelle fois à l’annonce de la peine requise : huit ans pour lui et quinze ans pour son ami. Le tout assorti d’un suivi socio-judiciaire de cinq ans. Comme toujours, Vasseur garde la tête basse, au point de se rendre invisible dans le boxe.
« Je ne m’ensouviens pas »
Cette dernière journée du procès devait aussi permettre de faire la lumière sur les nombreuses zones d’ombre du dossier, en confrontant les deux accusés. Peine perdue. Vasseur assure qu’ils se sont arrêtés à Sarton alors qu’ils se rendaient à Doullens pour acheter de la drogue. Lambert dit qu’ils partaient voler des motos… Et les deux hommes semblent souffrir d’amnésie dès que l’on évoque la chronologie des événements. Voire même l’endroit de la rixe, puisque Julien Vasseur soutient qu’elle a eu lieu dans la voiture. Alors qu’un témoin jure avoir vu la scène se dérouler au milieu de la rue. « Je n’en ai pas souvenir », « Je ne m’en souviens pas », répètent inlassablement les accusés.
Enfermé dans une cave
Durant la plaidoirie de la partie civile, représentée par Me Dupriez, des photos de la victime défilent sur l’écran. Elles datent de quinze jours avant les faits, et on y voit un David Goyat heureux, accompagné de sa famille. « C’était un frère aimant. C’était aussi un père qui laisse trois enfants derrière lui. » Me Prudhomme, l’avocat de Cédric Lambert, évoque lui « le problème de confiance en lui » de son client. Une confiance « qu’il retrouve en suivant les autres ». Et de reprendre le témoignage d’une de ses connaissances, qui confesse qu’il est « plus bête que méchant ». Pour l’avocat, son casier vierge démontre qu’une « incarcération n’est pas utile ».
Puis, c’est au tour de Me Bion de prendre la parole. Elle prend le parti d’évoquer l’enfance de Vasseur. « Il s’est construit sans l’amour de sa mère, sans cet amour initial, essentiel. Ce qui va expliquer les gestes qui lui sont reprochés. » Elle parle aux jurés des épisodes violents de son beau-père, qui aurait tenté de le noyer dans une baignoire alors qu’il n’avait pas plus de 10 ans. Elle raconte ce mois passé « enfermé dans une cave, avec un peu d’eau et un croûton de pain sec pour toute nourriture. » « Vous pensez que l’on peut ressortir d’une enfance pareille avec de l’empathie, du respect, de l’amour pour les autres ? (…) Le Vasseur que vous avez devant vous aujourd’hui est celui de cette époque, celui qui baisse la tête, et est vide à l’intérieur. » À l’annonce du verdict, Lambert a des airs de zombie, comme en dehors de son corps. Vasseur, lui, tremble un peu. Mais ne laisse rien paraître. Résigné, peut-être. •
FRANÇOIS LÉGER
samedi 17.10.2009, 05:02 – La Voix du Nord
INFO JUDICIAIRE SELECTIONNEE POUR VOUS PAR INTIME CONVICTION
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