le 17/10/2009 à 11h54  par Harold Thibault (Aujourd’hui la Chine)

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Voitures de sport, sexe, casinos, drogue, meurtres, ultra-violence, haut gradé véreux, super flic,… L’impressionnant démantèlement des réseaux du crime organisé de Chongqing, dans le centre de la Chine, a tout de la superproduction hollywoodienne. Les procès viennent de débuter.

En fin de semaine, c’était au tour de Xie Caiping de passer devant le juge. Au programme: accusations de participation au crime organisé, faux emprisonnement, corruption, protection de réseaux de trafic de drogue et gestion illégale de casinos. L’accusée aurait notamment ouvert 22 casinos dans le centre de Chongqing, dont un en face de la Haute Cour de justice.

Ce sont pourtant les révélations sur la vie sexuelle de Xie qui ont fait couler le plus d’encre. Agée de 46 ans, elle aurait eu recours aux services de 16 hommes bien plus jeunes qu’elle afin de satisfaire ses désirs sexuels. Ses relations avec Luo Xuan, 28 ans, chauffeur puis gérant de casino à son tour, lui aussi à la barre des accusés dans les procès du crime organisé de Chongqinq, ont eu un fort écho dans la presse. Elle lui aurait donné 240 000 yuans (près de 24 000 euros) pour s’acheter une voiture et ouvrir un salon de coiffure, versé un salaire mensuel, aurait couvert ses frais de bouche et autres virées nocturnes, et lui aurait donné une carte de crédit. Tout cela grâce aux revenus de casinos pourtant illégaux en Chine continentale. Ils étaient ensemble lorsqu’elle fût arrêtée.

Mme Xie avait des “guanxi”, des réseaux. Elle est l’épouse du petit frère de Wen Qiang, ex-chef de la justice de cette municipalité de 31 millions d’habitants du centre de la Chine, et plus importante prise de la police depuis qu’a été lancée l’offensive contre les mafias de Chongqing. Wen est lui accusé d’avoir servi de “parapluie” aux réseaux criminels en échange de millions de yuans de pots de vin. Lors des interrogatoires, Wen aurait rétorqué aux officiers qu’il leur avait tout appris.

Résumé des épisodes précédents

Le super flic Wang Lijun fait le ménage à Chongqing. Depuis qu’il a lancé en juin dernier une campagne contre le crime organisé, plus de 2000 personnes ont été arrêtées. Parmi elles, 67 parrains présumés. La presse chinoise a multiplié les portraits de Wang, l’homme aux 20 cicatrices, autant de preuves qu’il a payé de sa personne son engagement infaillible contre la corruption, qui lui a déjà valu 10 jours de coma par le passé.

Wang a été nommé l’an dernier par Bo Xilai, secrétaire du Parti de Chongqing, ancien ministre du Commerce, qui a la réputation de faire parti des leaders de la “5e génération” au sein PCC. Bo Xilai a été envoyé par Pékin à Chongqing pour en consolider le développement, dans le cadre d’une politique visant à porter les fruits de la croissance économique à l’Ouest, et dont Hu Jintao lui-même a fait son cheval de bataille. Emblématique du boom économique chinois des 30 dernières années, Chongqing illustre également le retour du crime organisé en Chine continentale, où son influence avait été considérablement réduite sous le communisme pur et dur. Wang Lijun a estimé que les prêts illégaux s’élevaient à 30 milliards de yuans (3 milliards d’euros), soit un tiers du revenu annuel dela métropole.

Gros poissons, sécurité renforcée

Les procès se sont ouverts le 12 octobre, après 4 mois de descentes, d’arrestations et d’enquêtes au cours desquels un fond de soutien aux familles de policiers décédés a été créé pour rassurer les nouvelles recrues. 263 accusés au total doivent être jugés. Des mesures de sécurité draconiennes ont été mises en place devant les cours de justice. Les agents chargés d’amener les accusés dans les salles d’audience devront tous vivre sur le même lieu pendant la durée du procès et les juges pourront recevoir un soutien psychologique si la pression est trop forte.

L’un des premiers à passer devant le juge était Yang Tianqing, l’un des barrons des gangs de la ville, qui devait répondre de 7 chefs d’accusation différents dont ceux de meurtre et de prêts à taux usurier. “Je n’avais pas de travail et pas de revenus. Alors que pouvais-je faire à part monter un gang” a dit Yang, 35 ans, selon la presse chinoise.

Au même moment passait devant la 3e Cour intermédiaire Liu Zhongyong, un autre gros poisson de la mafia locale, qui gérait une mine de charbon illégale dont l’effondrement causa la mort de mineurs. Il était en parallèle accusé d’avoir tué un homme qui chantait trop fort à son goût dans un karaoké.

En ouverture du JT

A peine entamés, ces procès ont fait l’ouverture du journal du soir de la télévision d’état, le J.T. le plus regardé de la planète. Sur le web, la fuite de photos du parking où ont été garées les Mercedes, Bentley, Lamborghini et autres Maserati des chefs de gangs ont nourri une vive curiosité.

L’attention médiatique culminera avec le procès du chef de la justice corrompu Wen Qiang, arrêté par Wang Lijun, le policier héros désigné par l’envoyé de Pékin. Une aubaine pour le gouvernement central, qui a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités.

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