Procès en appel de huit jeunes acquittés de l’incendie d’un poste de police
TOULOUSE (AFP) — Huit jeunes, poursuivis pour l’incendie d’un poste de police de proximité en 2003 à Pau et acquittés en septembre 2005 par la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques, comparaissent en appel lundi à Toulouse devant les assises de Haute-Garonne.”Accusés sur la base d’une enquête bâclée et montée de toutes pièces” selon la défense, les huit jeunes, âgés de 19 à 26 ans au moment des faits, sont “déterminés à prouver leur innocence”, alors que les syndicats de police estiment que ce nouveau procès, “dépolitisé”, permettra que “justice soit enfin rendue”.
Le parquet général de la cour d’appel de Pau, qui avait requis des peines allant de 6 à 12 ans de prison à l’encontre des accusés, avait interjeté appel début octobre 2005.
Le 27 septembre 2003, un poste de police de proximité de Pau, dans le quartier sensible de l’Ousse-des-bois, dans lequel se trouvaient trois policiers, avait été incendié avec des cocktails molotov par une dizaine de jeunes gens.
Trois jours plus tard, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, s’était rendu sur place, en promettant que les auteurs de l’incendie seraient arrêtés dans les trois mois.
Trois mois plus tard, en décembre 2003, il était revenu dans le quartier de l’Ousse-des-bois pour assister à l’inauguration du nouveau poste de police. La majorité des jeunes avaient été arrêtés quelques semaines après cette seconde visite ministérielle.
Me Gilbert Collard, qui défendait deux des huit accusés, avait estimé que l’acquittement constituait un “désaveu flagrant” pour le ministre de l’Intérieur. L’enquête, avait-il estimé, “avait été menée afin d’offrir des coupables comme une espèce de publicité électorale”.
“La promesse faite par Nicolas Sarkozy avait pollué les débats en première instance. Nous souhaitons que ce nouveau procès soit dépolitisé”, a déclaré le secrétaire départemental adjoint Unsa-police, Joseph Cillufo. “Si le parquet général a décidé de faire appel de l’acquittement, c’est qu’un deuxième examen était nécessaire pour rendre justice”, a-t-il souligné.
De son côté, le secrétaire zonal adjoint Sud-Ouest du syndicat de police Alliance, Gérard Chamalbide, a affirmé que “la justice n’avait pas été rendue complètement. Je fais confiance à la justice pour condamner sévèrement les auteurs de cette attaque commando préméditée”.
Lundi, les avocats de la défense s’attacheront à démonter une nouvelle fois le dossier de l’accusation qui, selon Me Thierry Sagardoytho, “n’apporte aucune preuve de la présence des accusés sur les lieux et s’appuie sur le témoignage frelaté du suspect numéro un, devenu principal accusateur avant de se rétracter”.
Cet appel n’est, pour Me Sagardoytho, “qu’un coup monté résultant d’une pression syndicale policière sur l’autorité politique. La mascarade a assez duré”.
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