Peine allégée en appel pour le “Dr Mabuse”. L’ancien soigneur Bernard Sainz, condamné en première instance à trois ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis pour une affaire de dopage dans le milieu cycliste à la fin des années 90, a été condamné jeudi par la cour d’appel de Paris à deux ans d’emprisonnement dont un an avec sursis.
M. Sainz, 66 ans, a été reconnu coupable d'”infraction au règlement sur le commerce ou l’emploi de substances vénéneuses”, “aide et incitation à l’usage de produits dopants” et “exercice illégal de la profession de médecin”, des infractions commises sur le sol français et belge. Il a en revanche été relaxé pour les faits d'”administration de produits dopants”.
Ce praticien homéopathe, qui a publié en 2000 un livre au titre provocateur “Les stupéfiantes révélations du Dr Mabuse”, devra en outre verser 1.500 euros de dommages et intérêts au Conseil national de l’Ordre des médecins et la même somme à la Fédération française de cyclisme (FFC), qui s’étaient portés parties civiles.
Lors du procès en appel en novembre dernier, le parquet général avait requis trois ans d’emprisonnement avec une peine ferme supérieure aux 18 mois fixés par le tribunal correctionnel de Paris en avril 2008.
A la sortie de l’audience, Bernard Sainz s’est dit “scandalisé” par cet arrêt. “Je ne comprends pas cette décision de justice complètement aberrante”, a déclaré l’ex-soigneur. “Je vais en cassation, bien sûr, et je ferai éventuellement une demande devant la Cour européenne des droits de l’Homme car c’est complètement absurde”.
Bernard Sainz a en effet assuré avoir bénéficié tout récemment d’un non-lieu dans une autre affaire similaire. Après cette condamnation en appel, l’ex-soigneur a continué à clamer son innocence. “Je maintiens que ce sont des faits inexistants”, a-t-il dit.
L’affaire Sainz avait éclaté au cours de l’été 1998, au plus fort du scandale Festina, l’une des équipes engagées dans le Tour de France, avec l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris pour infractions à “la loi sur les substances vénéneuses” et à “la loi relative à la prévention et à la répression des produits dopants”.
Mis en examen en mai 1999, l’ancien soigneur a toujours nié avoir commis les infractions qui lui sont reprochées. Pendant l’enquête, Bernard Sainz avait même été accusé d’avoir lui-même administré à des cyclistes professionnels des produits dopants comme la testostérone, le célestène -un corticoïde- et la caféine, avant d’être relaxé de ces faits. Il a affirmé que les gouttes qu’il prescrivait aux sportifs étaient exclusivement d’origine homéopathique.
Les produits saisis en 1999 à son domicile n’ont pas permis d’apporter de preuve formelle aux déclarations des coureurs qui constituaient la principale base de l’accusation. L’un d’entre eux, le Belge Frank Vandenbroucke, aujourd’hui décédé, avait affirmé que les gouttes du soigneur servaient “soit à doper, soit à masquer le dopage”. AP
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