« Vous les reconnaissez ces faits ? », demande la présidente du tribunal au prévenu. « Oui Madame… Ma compagne étant alcoolique, il y a des moments où… », lâche le prévenu. Âgé de 46 ans, cet habitant de Saint-André-de- Sangonis a donc fini dans le prétoire de la correctionnelle. Et ce, pour avoir exercé des violences sur sa concubine, le 30 septembre dernier. « Je ne la tape pas, je la gifle », rectifie le quadra. Et de préciser comme pour amender ses mauvais gestes : « Quand elle est alcoolisée. »


Et ce n’est apparemment pas la première fois que le couple prend le gîte en cinq ans de vie commune. Reste que là, « votre compagne était enceinte de cinq mois », rappelle la présidente ; ajoutant

: « Et vous l’attachez au lit ou à un arbre devant la maison ? »« Oui, tout à fait ! pour éviter qu’elle s’alcoolise. Au maximum deux heures » , explique le prévenu. « Et vous trouvez cela normal ? » « Absolument pas… Mais c’est le temps que je cherche où elle a caché l’alcool… »« Mais elle, elle ne vous attache pas ? Non ? Parce que vous pourriez vous attacher mutuellement pour ne pas boire », rétorque le magistrat.

Nouvelle explication : « Nous ne buvions pas ensemble. Le jour des faits, j’ai craqué, j’avais besoin de boire un coup. » Au cours des débats, il est aussi question de ce coup, toujours donné par l’intéressé à sa moitié, avec… un poulet ! « Elle désire avoir des animaux et partout ! J’ai pas supporté qu’elle s’en occupe pas. Quand elle est alcoolisée, elle les laisse mourir de faim », raconte l’homme. « Elle boit depuis quinze ans, même enceinte. Ce n’est pas vous qui allez l’arrêter. Vous voyez bien que cela ne fonctionne pas votre méthode ! », s’agace la présidente. Alors ? « Ce sont des faits que l’on peut qualifier d’inquiétants », estime le représentant du parquet. Et ce dernier de requérir sur l’audience un an de prison, assorti d’un sursis et d’une mise à l’épreuve (avec une obligation de soins) à l’encontre du prévenu.

Mais pour Me Fournels, le conseil du prévenu, il est important « que le tribunal fasse bien la différence : il n’essaie pas de s’autojustifier en se persuadant qu’il a raison. Ici, nous sommes en face de quelqu’un qui est démuni vis-à-vis de la maladie de sa compagne. Il est arrivé à des solutions extrêmes après une première cure de sevrage de madame. Même ses enfants l’attachent, elle-même s’est déjà attachée ! » À l’issue, le quadragénaire a écopé de dix-huit mois, assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans.

J.-F. CODOMIÉ
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