1 juin 2009 à 04:00

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Costume rayé gris foncé, cravate en soie rouge, Phil Spector fait face à la horde de journalistes hystériques amassés derrière un cordon de sécurité installé à la hâte. Quelques secondes plus tôt, le juge Larry Paul Fidler, du tribunal de Los Angeles, vient de prononcer une peine de 19 ans à l’encontre de l’inventeur du « mur du son », un procédé d’enregistrement qui a révolutionné la musique dans les années 1960. En cette belle matinée de vendredi, Spector est KO.

Tout l’inverse du procureur, Alan Jackson, qui jubile : « C’est un grand jour pour le système judiciaire. Cette condamnation envoie un message aux auteurs de crimes ou de violences pour leur dire qu’ils seront poursuivis et jugés quelle que soit leur célébrité, quelle que soit leur richesse. »

Un avertissement qui s’est toutefois fait attendre : le jury avait commencé à délibérer le 26 mars, après cinq mois de débats qui suivaient un premier procès, en 2007, au terme duquel les jurés n’avaient pas réussi à se mettre d’accord à l’unanimité requise, dix penchant pour la culpabilité de meurtre de Phil Spector, deux pour son innocence. Le procès avait finalement été annulé.

« Violence envers les femmes »

Le 13 avril dernier, le jury du second procès a donc reconnu Spector coupable d’avoir tué par balle, au petit matin du 3 février 2003, une ancienne actrice de série B, Lana Clarkson, dans sa propriété, une immense bâtisse construite sur les hauteurs d’Hollywood, quelques heures après l’avoir rencontrée dans une boîte de nuit où elle travaillait comme serveuse.

Depuis le début de l’affaire, celui que beaucoup considèrent comme un génie du rock, n’a cessé d’affirmer que Lana était ivre et qu’elle s’est suicidée. De son côté, l’accusation a toujours maintenu que c’est bien l’ancien producteur qui l’a tuée d’une balle dans la tête.

Tout au long de ce second procès, le procureur Alan Jackson a dépeint Spector comme « un excentrique dont l’histoire est empreinte de violence envers les femmes ».

Cinq sont venues le confirmer à la barre en témoignant avoir été menacées d’une arme par le producteur quand elles s’étaient refusées à lui. Des propos que ne partage pas Rachelle, 28 ans, l’épouse du musicien.

Quelques minutes après l’énoncé du verdict, elle a affirmé : « Mon mari était innocent. Je suis bouleversé par cette condamnation. Il a été jugé par l’opinion publique, pas par la justice. Quant aux médias, ils en ont fait un monstre alors qu’il est l’homme le plus gentil, doux, attentionné et merveilleux que j’aie jamais rencontré. »

L’avocat de Spector, Doron Weinberg, a annoncé qu’il ferait appel de cette condamnation.

Edition France Soir du lundi 1 juin 2009 page 13

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