AFP 26.01.10 | 19h54
Le procès en appel d’Ali Hamza Ahmad al-Bahlul, un des rares détenus de la prison américaine de Guantanamo à avoir été condamné par un tribunal militaire d’exception pour son soutien à Al-Qaïda, s’est ouvert mardi devant la cour d’appel fédérale de Washington.
Le gouvernement américain lui prête la paternité de l’offensive médiatique lancée à la fin des années 1990 par Oussama ben Laden, notamment une vidéo datant d’octobre 2000 qui avait pour objectif de “recruter et d’endoctriner du personnel pour aider” Al-Qaïda.
Ali Hamza al-Bahlul, un Yéménite d’une quarantaine d’années, a été condamné fin 2008 à la prison à vie pour “incitation au meurtre” et “soutien au terrorisme”, entre autres.
En l’absence de l’accusé lors de l’audience de mardi, c’est son avocat Michel Paradis, un civil, qui l’a représenté.
Me Paradis s’est attaché à contester la compétence des tribunaux militaires d’exception – voulus et mis en place par l’administration de George W. Bush – pour condamner son client.
S’il est indéniable que la vidéo en question “plaide pour la violence, l’antisémitisme et la violence contre les femmes”, en revanche, elle n’appelle personne à organiser une attaque en particulier.
De plus, a observé Me Paradis, l’accusé peut se prévaloir du premier amendement de la Constitution américaine – qui garantit la liberté d’expression – pour exposer son opinion comme bon lui semble.
En conséquence, Ali Hamza Ahmad al-Bahlul devrait, selon lui, être rejugé par un tribunal civil. “Les tribunaux fédéraux sont prêts à juger” des cas tels que celui de son client, a-t-il lancé aux trois juges de la cour d’appel.
Argument rejeté par l’accusation, qui, en la personne du capitaine Edward White, a qualifié la vidéo d'”incitation à la violence” et estimé que, M. al-Bahlul étant un “ennemi combattant”, le gouvernement américain était dans son bon droit lorsqu’il a soumis l’accusé à un procès devant un tribunal militaire.
En revanche, l’association Human Rights Watch (HRW), dont une représentante était présente à l’audience, a repris la position de l’avocat de M. al-Bahlul à son compte.
“Si certaines personnes accusées d’avoir commis les crimes horribles du 11-Septembre vont être jugées par un tribunal fédéral (civil), alors M. al-Bahlul devrait sans aucun doute avoir le droit d’être lui aussi jugé par un tribunal civil”, a déclaré à l’AFP Andrea Prasow.
Elle faisait référence aux cinq hommes accusés d’avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001 – dont le cerveau auto-proclamé Khaled Cheikh Mohammed – et qui doivent bientôt jugés par un tribunal de droit commun à New York.
Ali Hamza Ahmad al-Bahlul avait été fait prisonnier en 2001 par l’armée pakistanaise et remis aux autorités américaines.
Transféré à Guantanamo en 2002, il n’a jamais reconnu la légitimité de ses juges et a refusé à plusieurs reprises d’être défendu par un avocat. Volontiers provocateur, il avait comparu à une audience muni d’une pancarte où le terme “boycott” était inscrit à la main, en anglais et en arabe.
La cour d’appel devrait rendre son arrêt “d’ici un mois”, a dit un représentant du Pentagone à l’AFP, sous couvert d’anonymat
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