Le 17 juillet 2009, s’est ouvert à Séoul le procès de trois des six membres de la branche sud-coréenne de l’Alliance pan-coréenne pour la réunification, arrêtés le 7 mai dernier. Le gouvernement (conservateur) du président Lee Myung-bak semble vouloir faire de ce procès celui des relations intercoréennes sous l’administration de son prédécesseur Roh Moo-hyun.


Le 17 juillet 2009, à 14 heures, s’est ouvert devant la 424eme chambre de la cour du district central de Séoul, le premier procès de Lee Kyu-jae, Lee Kyeong-won et Choi Eun-a, dirigeants de la branche sud-coréenne de la Pomminryon, l’Alliance pan-coréenne pour la réunification (APCR) fondée en 1990 par des Coréens du Sud, du Nord et de la Diaspora. Lee Kyu-jae, Lee Kyeong-won, et Choi Eun-a sont accusés d’avoir enfreint la loi dite de « sécurité nationale » et d’avoir « obéi aux ordres [de la Corée du Nord] » dans le cadre d’échanges intercoréens pourtant légaux à l’époque des faits incriminés. En effet, les contacts de l’APCR avec des Coréens du Nord entre 2004 et 2007 furent approuvés par le ministère de la Réunification.


Au cours de leurs interventions, les trois accusés ont critiqué la loi de sécurité nationale comme étant une loi dont l’application est ambiguë et utilisée de manière abusive par le pouvoir conservateur actuel, dans son intérêt particulier.


Dans une déclaration faite au début du procès, Lee Kyeong-won, secrétaire général de la branche sud-coréenne de l’APCR, a ainsi souligné que le Service national de renseignement avait eu connaissance du contenu des entretiens de la Pomminryon, ayant pu examiner tous les courriers électroniques échangés en 2004, 2005 et 2006. Il a aussi expliqué que rien ne permettait de prouver que les activités de la Pomminryon, menées en toute légalité, aient représenté une quelconque menace pour la sécurité nationale ou l’ordre public en Corée du Sud.


Choi Eun-a, responsable de la communication de la branche sud-coréenne de l’APCR, a, elle, qualifié d’invraisemblable le fait que les personnes qui, sous les gouvernements précédents, reconnaissaient la légalité des échanges intercoréens puissent être les mêmes qui, aujourd’hui, parce que le gouvernement a changé, clament que ces activités étaient illégales. « Si on pense que nous avons glorifié, suivi et encouragé [la Corée du Nord] seulement parce que notre logique serait similaire à celle de la Corée du Nord, alors [le conglomérat sud-coréen] Hyundai Asan qui a construit le Complexe industriel de Kaesong devrait aussi être considéré comme aux ordres de la Corée du Nord », a ajouté Choi Eun-a.


Lee Kyu-Jae, président de la branche sud-coréenne de l’APCR, a remarqué que le gouvernement du président Roh Moo-hyun avait autorisé les voyages en Corée du Nord, alors que, pour ces mêmes voyages, le gouvernement Lee Myung-bak procède aujourd’hui à des arrestations. Le Service national de renseignement aurait donc attendu cinq ans pour arrêter les dirigeants de la Pomminryon pour des motifs connus depuis le début. Pour Lee Kyu-jae, il s’agit bien d’une tentative de manipulation des affaires de sécurité nationale par le gouvernement sud-coréen cherchant ainsi à surmonter sa propre crise interne.


Les échanges intercoréens au cours des cinq ans du gouvernement Roh Moo-hyun (2002-2007) ont fait l’objet d’une nouvelle évaluation – négative – après l’entrée en fonction du président Lee Myung-bak. L’avocat des trois accusés de la Pommintyon, Cho Young-sun, a donc appelé à un jugement équitable, alors qu’on peut se poser des questions sur le caractère politique de ce procès, L’avocat a demandé à l’accusation d’expliquer clairement en quoi les activités, règles et principes de l’APCR constitueraient une menace pour la société sud-coréenne. Pour Cho Young-sun, « la sécurité nationale et l’ordre démocratique n’ont subi aucun dommage. » Il a aussi demandé la levée du blocage des comptes bancaires de l’APCR.


Au cours de ce premier jour de procès, une centaine de personnes venues de tous les horizons étaient présentes dans la salle. Elles ont acclamé les trois accusés, les saluant l’un après l’autre et s’inquiétant de leur santé.


Auparavant, le Comité civil conjoint contre la répression de l’APCR avait tenu une conférence de presse à Séoul , dans les bureaux de Minbyun (Juristes pour une société démocratique), affirmant avoir « l’intention de prouver activement le caractère légal des activités de l’APCR ». Le Comité veut en outre, «malgré toutes les difficultés que cela représente, demander à de nombreux membres du bureau de l’APCR, à sa branche nord-coréenne et à Park Yong, vice-président du bureau conjoint de l’APCR, de venir témoigner devant le tribunal, en Corée du Sud. »


Pour répondre aux accusations d’« obéissance aux ordres [de la Corée du Nord] », le Comité a tenu à rappeler que ces prétendus ordres signifient une relation directe et verticale entre celui qui dirige et celui qui est dirigé. Or, a précisé le Comité, « les relations entre les branches sud-coréenne, nord-coréenne et d’outre-mer de l’Alliance pan-coréenne pour la réunification ne sont pas des relations de supérieur à subordonné, mais sont placées sur un pied d’égalité. »


La prochaine session du procès aura lieu le 21 août à partir de 10 heures. Les juges ont dit avoir choisi cette date pour disposer du temps nécessaire à un examen minutieux des faits.

Source

Source : Tongil News, via le site No base stories of Korea


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