COUR D’ASSISES. Deux hommes abattus, un enfant torturé : la session d’assises ouvre aujourd’hui
Deux crimes de sang et des tortures infligées à un enfant de 4 ans : tels sont les trois dossiers inscrits au rôle de la session de la cour d’assises de la Charente qui s’ouvrira ce matin avec la conférence du président pour les seuls jurés.
Dès 14 heures, cet après-midi, les jurés charentais devront examiner le dossier de Gérard Auzière, un homme de 37 ans, condamné, en décembre 2007, par la cour d’assises de la Gironde, à quinze ans de réclusion criminelle. Il a été reconnu coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner de Franck Boudet, le mari de sa maîtresse. Il sera défendu par Mes Alexandre Novion et Gérard Danglade. Jean-Pierre Bot, vice-procureur, soutiendra l’accusation. Trois parties civiles seront représentées par Mes Dominique Bastrot, Ahmad Serhan et Gnilane Lopy, du barreau de Bordeaux. Verdict mercredi soir.
Un enfant torturé
Le deuxième procès s’ouvrira jeudi 9 avril. Laurent Merelle, 36 ans, qui comparaîtra libre, est accusé de tortures ou d’actes de barbarie sur un mineur de 15 ans, un enfant âgé à l’époque des faits de 4 ans.
Ces faits remontent à un soir d’été 2002. En décembre 2005, l’ex-compagne de l’accusé fait de nombreuses déclarations aux gendarmes. Elle l’accuse de différentes choses, dont il sera ensuite blanchi, jusqu’à évoquer les incidents qui se sont passés durant l’été 2002. Le couple a en garde le fils d’un couple d’amis comme cela arrive très régulièrement depuis que les adultes ont fait connaissance à un mariage. Tout se passait bien, semble-t-il, jusque-là. Seulement, les choses dérapent. Les gendarmes apprennent que Laurent Merelle aurait pris une valise pour y placer le jeune enfant. Il aurait ensuite mis la valise dans la baignoire avant de demander à sa belle-fille, une adolescente, de remplir la baignoire d’eau. L’histoire, déjà sordide, se poursuit dans la cuisine du logement. Laurent Merelle enlève le panier du bas du lave-vaisselle et y place l’enfant avant de mettre en marche l’appareil ménager quelques instants. Troisième scène, du même genre, dans le sèche-linge cette fois. Plus tard, dans la soirée, Laurent Merelle aurait fait manger à cet enfant des sauces épicées et lui aurait fait boire son urine en lui disant que c’était du jus d’orange. De retour chez lui, l’enfant raconte tout à ses parents qui ne peuvent croire l’énormité des faits. En revanche, ils accèdent à la demande de leur fils qui ne veut plus retourner chez ce « tonton »… Lorsque les faits sont révélés, Laurent Merelle les reconnaît pour les expliquer par une absorption massive de médicaments. Aujourd’hui, il évoque un complot ourdi contre lui par son ex-compagne. Il sera défendu par Me Jean-François Changeur. La parole de la jeune victime, aujourd’hui âgée de 11 ans, sera portée par Me Fanny Bagouet. L’accusation sera soutenue par Cyril Vidalie, vice-procureur. Verdict vendredi soir.
Abattu d’un coup de feu
Mardi 14 avril, et jusqu’à vendredi, la cour aura à examiner le dossier de Mohamed Baradji, 65 ans, accusé de l’assassinat de Karim El Krerarfi survenu le 20 février 2006, vers 11 heures, rue Antoine-de-Conflans, dans le quartier de Basseau à Angoulême.
Personne n’a été témoin direct de cet assassinat. En revanche, des voisins, des riverains rapportent aux enquêteurs avoir vu un homme vêtu d’une veste verte, s’enfuir de la maison peu après les coups de feu. Les indications, les éléments recueillis amènent les policiers à interpeller un voisin, Mohamed Baradji qui est mis en examen le 3 octobre 2006. Il n’a, depuis, jamais reconnu les faits.
Il sera défendu par Me Pascal Munoz, de Niort. Le procureur de la République, Nicolas Jacquet, occupera le siège du ministère public.
Mes Lionel Béthune de Moro et Jean-Michel Camus représenteront les parties civiles.
Verdict vendredi 17 avril.
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Vendredi 10 Avril 2009
Accusé d’actes de torture, un homme est jugé à huis clos en présence de sa victime
La barbarie à huis clos
Une valise marron en carton bouilli trône sur la table des pièces à conviction de la cour d’assises de la Charente. Hier s’est ouvert, devant la cour d’assises de la Charente, le procès de Laurent Merelle, un homme qui fêtera ses 36 ans dans quelques jours, qui se présente comme jardinier, installé à Taponnat. Il comparaît libre devant les cinq femmes et les quatre hommes qui composent le jury pour répondre de l’accusation de tortures ou actes de barbarie perpétrés sur un enfant alors âgé de 4 ans et demi.
Sa victime, aujourd’hui âgée de 11 ans, tient à assister à ce procès. Ses parents, qui se sont portés partie civile en son nom et en leur propre nom, l’accompagnent. L’enfant, qui est représenté par Me Fany Bagouet, a demandé à ce que les débats se déroulent à huis clos, ce qui lui a été accordé.
Hier, la cour d’assises a examiné la personnalité de l’accusé, un homme originaire de Saint-Quentin dans l’Aisne. Il s’installe dans le Nord-Charente avec Corinne, une mère célibataire handicapée. En 2004, le couple se sépare dans la douleur. Au point qu’une accusation d’agression sexuelle est portée contre Laurent Merelle par la fille de son ex. Finalement, il obtient un non-lieu. Mais, lors de cette enquête, l’adolescente raconte aux gendarmes une scène qui se déroule durant l’été 2002.
Le couple garde, alors, l’enfant de ses amis, un gamin de 4 ans. Un soir, il l’enferme dans la valise qu’il place dans la baignoire en demandant à la gamine d’ouvrir le robinet d’eau. Il met ensuite l’enfant dans le lave-vaisselle qu’il fait tourner. Puis dans le sèche ligne, qu’il actionne aussi. Enfin, il fait manger au garçonnet des sauces épicées, lui fait boire de l’urine…
De retour chez lui, le gamin a bien parlé à ses parents, mais ceux-ci, devant l’énormité du récit, n’ont pu le croire. Ils ont toutefois abondé dans son désir de ne plus retourner chez « tonton ». Un « tonton » qui explique son comportement par l’absorption massive de médicaments et qui dénonce un complot ourdi contre lui. Il est défendu par Me Jean-François Changeur ; l’accusation est soutenue par Cyril Vidalie. Verdict, vendredi soir.
Auteur : C. D.
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ASSISES DE LA CHARENTE. Laurent Merelle a été reconnu coupable de tortures et d’actes de barbarie sur un enfant alors âgé de 4 ans et demi
Le tortionnaire envoyé en prison
Laurent Merelle a accueilli le verdict sans broncher. Il a embrassé sa compagne et suivi les policiers qui l’ont conduit à la maison d’arrêt. Cet homme de 36 ans a été condamné, par la cour d’assises de la Charente, à cinq ans de prison dont quatre fermes et un avec sursis, assorti d’une mise à l’épreuve pendant trois ans avec obligation de soin si besoin sous régime de l’hospitalisation.
Laurent Merelle devra, en outre, verser 18 000 ? à sa petite victime, qui n’a pas quitté le procès une seconde pas plus que ses parents qui obtiennent l’euro symbolique.
Ni le parquet ni le condamné ne devraient faire appel de cette décision qui intervient après deux jours de procès à huis clos. Il s’agissait, pour les jurés, d’examiner une affaire vieille de sept ans et qui a été révélée à l’occasion d’un autre dossier, en 2006. La belle fille de l’accusé a raconté aux gendarmes une soirée particulière au cours de laquelle Laurent Merelle s’en est pris au petit garçon alors âgé de 4 ans et demi. Il l’a mis dans une valise qu’il a immergée dans la baignoire avant de placer l’enfant dans le lave-vaisselle et le lave-linge et de les mettre en marche quelques secondes. Il lui a fait boire de l’urine et manger du piment. L’avocat général Cyril Vidalie avait requis une peine de dix ans. Ce à quoi Mes Changeurs et Pouzieux ont répondu que leur client avait agi sous l’effet des médicaments. La cour les a visiblement entendus.
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