| ASSISES DU NORD |
La quinquagénaire d’Odomez qui comparaissait depuis lundi devant la cour d’assises du Nord après la mort de son concubin de 39 ans a été acquittée. C’est le verdict rendu hier soir après trois heures de délibérations, deux jours de procès et plus de quatre ans d’instruction. Les faits remontent au 31 mai 2005 : alertée par le fils de l’accusée, la police se rend dans une maison de l’impasse Chasse Revel, à Bruay-sur-l’Escaut.
Elle y découvre, dans une chambre du premier étage, le cadavre d’un homme atteint d’une balle en pleine tête, le fusil entre les genoux. Qui donc a utilisé l’arme ? La victime qui voulait mettre fin à ses jours – thèse avancée par l’accusée depuis le départ et maintenue hier ? Ou celle-ci, qui ne voulait pas le voir partir vivre chez sa maîtresse ?
Longuement interrogée hier matin par la cour, la concubine a campé sur ses positions, entre assurance et fermeté : « J’ai toujours été dans le même sens, je vous dis la vérité », martèle-t-elle à la barre. Même poussée dans ses retranchements par le président, elle persiste et livre à la cour des détails sur le contexte du drame : « Il en avait marre de tout. Ce soir-là quand je suis rentré, il était explosé, je n’étais pas contente. Il est monté dans la chambre et m’a dit qu’il allait faire un essai avec la carabine. » Le président s’interroge : « Pourquoi n’êtes-vous pas intervenue ? ». « Parce qu’il ne voulait pas que je touche à sa carabine », répond l’accusée. Le conseil de la partie civile, Me Petiaux-d’Haene, rebondit sur cette réponse qui ne la convainc pas : « Mais pourquoi l’avoir laissé avec une arme alors qu’il était dépressif ? » À la barre, la réponse de l’ex-conjointe est immédiate : « C’est votre réaction, ça n’a pas été la mienne. »
Douze ans de réclusion requis
L’avocate valenciennoise ne s’en satisfait pas : « La famille (NDLR : le fils et la soeur de la victime, présents lors du procès) attendait de connaître le déroulement des faits et ce ne sont pas ces déclarations qui vont l’aider.
Les versions sont toutes différentes. Si c’est un suicide, les choses sont claires et bien établies. Là, il y a des contradictions et on n’est jamais parvenu, lors de la reconstitution, à retrouver la position du corps de la victime telle qu’elle a été constatée par les policiers à leur arrivée sur les lieux du drame. » L’avocat général, Jérôme Marilly, abonde dans ce sens sur ce point précis : « On a effectivement essayé de retrouver la position du cadavre et ça ne coïncide pas. Techniquement, le suicide n’est pas possible », insiste-t-il, avant d’annoncer ses réquisitions – douze ans de réclusion criminelle – dans un argumentaire détaillé. C’est sur chacun de ses points que l’avocate de la défense, M e Delaby-Faure, est longuement revenue lors de sa plaidoirie. « Quand on veut maquiller une scène de crime, on n’appelle pas les secours dans la minute qui suit le décès, estime le conseil. Et que fait-on des tendances suicidaires de la victime qui avait tenté de mettre fin à ses jours par pendaison quelques mois auparavant ? Ce n’est quand même pas anodin ! » « Et lorsqu’il dit qu’il en a marre de cette vie, c’est pareil ! », termine l’avocate lilloise, en demandant l’acquittement. La cour l’a entendue. •
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