A audience exceptionnelle, déploiement exceptionnel. Hier en effet étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de Dole deux des auteurs présumés du hold-up perpétré en juillet 2002 sur l’aire d’autoroute de Dole-Romange. Ce matin là, un peu avant 5 heures, trois hommes avaient pénétré dans la station-service. Après avoir fait le plein de leur voiture, bu un peu d’eau minérale et payé leurs achats, ils avaient menacé d’une arme le caissier de la station et son collègue qui prenait alors la relève de même que deux clients. Ils avaient fait main basse sur le contenu de la caisse, des cartes téléphoniques et un bijou. Soit un butin d’environ 2 500 euros. S’ils sont deux aujourd’hui à la barre, les braqueurs présumés étaient trois au moins lors des faits. Leur complice, un dénommé Sopi est décédé depuis, tué aux Pays-Bas par la police lors d’une audience au cours de laquelle le procureur avait été pris en otage. Ce qui explique les mesures de protection particulières appliquées ce jour à Dole.
Ndriqim Zyberi et Behar Ramadani respectivement ressortissants albanais et kosovar sont déjà détenus pour d’autres causes parmi lesquelles divers braquages. Le premier est libérable en 2015. Le second en 2022. L’un comme l’autre nient en bloc. Ils ne sont pas les auteurs de ce hold-up pas plus que des 27 autres commis selon le même mode opératoire dans tout l’Est de la France cet été-là. Ils ne se connaissent pas d’ailleurs. Behar Ramadani ignore pour quelles raisons les témoins l’ont formellement reconnu. Pas plus qu’il ne sait pourquoi ses empreintes ont été retrouvées dans la station-service sur une bouteille d’eau minérale. Quant à Ndriqim Zyberi, il se souvient être passé par cette station alors qu’il revenait d’Italie et se rendait en Allemagne. D’où peut-être ses empreintes sur la bouteille d’eau.
« Imaginez ce que l’on peut éprouver lorsque l’on est menacé d’une arme » tonne le procureur en faisant référence au témoignage du pompiste qui avait 21 ans à l’époque et qui connait depuis « un état d’anxiété permanent ». « Les faits sont particulièrement graves pour des butins presque dérisoires » souligne encore Christian Molé. « Un début de reconnaissance aurait pu être un gage de réinsertion futur » estime-t-il. Or « Il n’en est rien ». Il rappelle les éléments « objectifs » dont dispose le tribunal. La reconnaissance de Ramadani par les victimes. Les « 12 points concordants des empreintes digitales », la voiture volée retrouvée en Allemagne avec ses fausses plaques dans le coffre, le témoignage d’une prostituée et puis « des déclarations à géométrie variable ».
Pour la défense de Zyberi, Me Uzan rappelle au tribunal les doutes concernant l’identité de son client qui dispose comme son comparse de plusieurs alias.
Quant à Me Chancenot, elle insiste sur les incertitudes du tribunal quant à l’âge de son client au moment des faits. Le tribunal se déclare néanmoins compétant pour juger l’affaire Il condamne Ramadani à 4 ans de prison et Zyberi à 3 ans.
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