Devant la cour d’assises de l’Aisne, Jacky Dunet maintient ne pas avoir violé sa demi-sœur et accuse ses frères. Son avocat utilise les failles du dossier pour instiller le doute. Les enquêteurs ont une certitude. Nathalie Dunet a bien été violée. « Elle était très précise, n’omettait aucun détail. Elle ne récitait pas une leçon apprise par cœur », dit l’un d’eux qui a pris sa déposition en l’an 2000, à Neufchâtel-en-Bray.

En 1992, suite au dernier viol – particulièrement violent – elle fait une tentative de suicide qui la conduit en centre hospitalier. C’est l’élément déclencheur. Voulant faire cesser cette situation, elle se heurte à l’omertà familiale et même au scepticisme du professeur de l’aumônerie du collège. Dissuadée de porter plainte par ses parents et ne bénéficiant d’aucune écoute au sein de sa famille, elle a pu compter sur une amie, jeune camarade de classe venue témoigner à la barre.

Mais il manque un élément de poids dans les conclusions des gendarmes : le dossier médical de la plaignante. De son côté, Jacky Dunet accuse ses frères d’avoir commis les viols, au Tréport et à Mers-les-Bains. « J’ai peur des femmes », argumente-t-il ; mais Nathalie avait 7 ans lors des premiers attouchements.

Hier matin, Jacky Dunet avait changé de registre et se contentait de répondre par un laconique « aucun commentaire madame la présidente ». En fin d’après-midi, nouveau changement d’humeur. Suite à un rapport d’expertise, il donne un échantillon de son agressivité et répond virulemment aux questions de Me Fayen-Bourgois, avocate de la partie civile. Puis l’homme s’étend longuement sur son mal de vivre, les démons qui le rongent, puis sur ses hospitalisations psychiatriques. Il donne l’impression de surjouer, comme s’il cherchait à se faire déclarer irresponsable, ou à minimiser son rôle. Mais Nathalie Dunet reste imperturbable. Elle ne souhaite pas une peine lourde pour son demi-frère. « Je voudrais la juste reconnaissance des faits. Une demande de pardon me suffirait » dit-elle.

Le verdict sera rendu ce soir.

FRANÇOISE.-J. CHÉRUY

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