En octobre 2006, un SDF d’une soixantaine d’années aurait été séquestré, torturé et violé dans un appartement de Châteauroux. Le procès s’est ouvert hier.
Cour d’assises de l’Indre
Hier, 9 h, le procès dans l’affaire de séquestration et de torture d’un SDF à Châteauroux s’ouvre. Le banc de la partie civile reste désespérément vide. La victime, André Mercier, est décédée durant l’instruction. Aucun avocat n’est là pour le représenter. De l’autre côté de la salle, en revanche, une armée de robes noires s’installe.
Au total, cinq avocats défendent les intérêts des cinq accusés : les trois tortionnaires présumés et deux de leurs proches poursuivis pour non-dénonciation de crime. Parmi eux figurent deux des principaux auteurs présumés de l’affaire, le couple Louis et Michelle (1). Les traits tirés, le visage blême. Lui, 30 ans, elle, 51 ans. Ils formaient un couple marginal et enferré dans l’alcool. Cette semaine, ils sont jugés pour actes de torture et de barbarie, viols en réunion, violences, et séquestration. Le procès durera cinq jours.
Ils l’appelaient “ Jésus ”
Voici les faits, selon l’acte d’accusation. Le 21 octobre 2006, André Mercier, arrivé une dizaine de jours auparavant à Châteauroux, fait la rencontre de Michelle et Louis, lesquels lui proposent de l’héberger. Rapidement, le couple se serait montré violent. Aux coups de poing et les coups de pied succèdent bientôt d’atroces tortures. D’après l’enquête, le SDF surnommé « Jésus », en raison de ses cheveux longs, aurait durant cinq jours été violé, tour à tour avec des objets.
Ses tortionnaires présumés – Louis, Michelle ainsi que l’un de leurs amis âgé de 17 ans au moment des faits que nous appellerons Jean – l’auraient également brûlé avec un fer à repasser. D’après les éléments de l’instruction, le SDF mendiait le jour pour le compte de ses hôtes bourreaux. Au cours de l’enquête, les protagonistes ont reconnu les faits mais persistent à se rejeter mutuellement la faute.
Hier matin, à l’ouverture du procès, le président de la cour, Étienne Fradin, a procédé au tirage au sort des neuf jurés. Compte tenu de la longueur des débats, l’avocate générale Anissa Jalade a demandé le tirage au sort de deux jurés supplémentaires, au cas où l’un des titulaires faillirait. Le jeu des récusations de la défense et du ministère public terminé, le jury d’assises se constitue finalement de quatre hommes et cinq femmes.
Me Sébastien Robin, conseil de Jean, se lève alors : « Je souhaiterais demander le huis-clos car mon client était mineur au moment des faits. » « Cette demande me paraît adaptée, compte tenu de la personnalité de nos clients et des révélations que chacun d’entre eux aura à faire », renchérit sa consœur Me Catherine Bayard. Les débats se dérouleront donc dans le secret de la cour. Le public quitte la salle.
Durant la journée d’hier, la cour a commencé par se pencher sur la personnalité des accusés. Ce mardi, les débats se poursuivront avec l’expertise psychiatrique des cinq accusés. Les débats s’annoncent longs et les confrontations nombreuses.
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