La cour a reconnu Joël Ardrit coupable d’avoir violé sa fille. Son ex-femme
a été acquittée. Et l’ami violeur écope de 5 ans avec sursis.
Coupable. Tel est le verdict rendu hier soir par la cour d’assises à Parthenay, qui avait à juger un père accusé d’avoir violé sa fille à Thouars durant sept ans (NR d’hier). L’avocat général, Jacques Bouzigues, avait requis entre douze et quinze ans de prison. Le père a écopé de 12 ans de réclusion criminelle. Jusqu’au bout, hier, sa fille Laëtitia de 24 ans (qui a subi ces actes de l’âge de 5 ans à 12 ans), aura espéré des aveux. Vainement. Ils avaient eu lieu, pourtant, lors de la révélation de l’affaire, en garde à vue, au cours de la confrontation avec sa fille. Le père avouait alors que pendant sept ans, il s’était adonné chaque semaine à des attouchements et viols sur sa fille. Mais depuis, il s’est enfermé dans le déni. Déni dont il n’est pas sorti hier. Déni aussi d’avoir « attouché » la fille de Laëtitia, sa propre petite-fille, à l’âge de 5 ans et demi. Ce sont pourtant les paroles de cette petite-fille qui ont permis à l’affaire d’éclater quand elle a déclaré : « papy m’a touché ». Laëtitia a compris que l’histoire se répétait. Pour la dernière fois.
L’émotion de la cour
Très amaigrie, secouée de sanglots et tremblante, la jeune femme soutenue par son mari a beaucoup ému la cour, hier. « Quand j’ai emmené ma fille lundi à l’école (NDLR : âgée de 8 ans aujourd’hui), elle m’a dit : bats-toi maman, pour toi, pour moi et d’autres enfants. Moi mon grand-père, je l’ai enterré ». Elle l’a fait, jusqu’au bout : « Quand une victime vient briser ce silence dans un cercle familial, je dis bravo. C’est une démarche respectable, poignante comme ici » a déclaré à son intention, l’avocat général. Inceste avéré à ses yeux, par la « sincérité » de la victime, dont les affirmations concordaient avec d’autres.
La mère confirme
Si le père s’est rétracté, la mère, elle, confirme qu’elle retrouvait régulièrement « les draps du lit de sa fille souillés ». Violée elle-même durant son enfance, la mère n’a rien dit alors, mais depuis, les faits de non-dénonciation sont prescrits pour elle. « Je voudrais demander pardon à ma fille, de ne pas l’avoir protégée car je l’aime de tout mon cœur ». Pardon accepté. « Avec ma mère, je n’ai jamais eu de lien, de câlin. Maintenant que mon père n’est plus là, j’aimerais créer ce lien. Avoir une mère, pour moi, c’est important » dira Laëtitia. Et son avocate, maître Audureau, de souligner « la grande hauteur d’âme » de sa cliente.
La mère était accusée de ne pas avoir dénoncé les agissements de son mari sur sa petite-fille, plus récents. Son avocat, maître Viot, s’est employé à démontrer qu’elle n’était pas au courant (ce qu’a confirmé sa fille), demandant l’acquittement. Obtenu.
Si la cour a cru les « actes ignobles » subis par la victime, c’est aussi parce que les dires de Laëtitia sont confirmés par Olivier, un ami de son père, le troisième accusé. Il avait 26 ans, elle 11 ans. Lui aussi l’a violée pendant quatre mois, et il reconnaît les faits : « J’étais amoureux » dit-il. « Et vous lui mettiez la main sur la bouche pour qu’elle ne crie pas pendant les viols ? » Le père, présent, laissait faire. Olivier lui disait même en sortant de la chambre : « Allez hop, à ton tour ! » s’indigne maître Audureau. « Pour tous les deux, Laëtitia, c’était une chose ». « Je voudrais m’excuser pour le mal que j’ai fait » a déclaré Olivier avant que la cour ne se retire pour délibérer. L’avocat général avait requis six ans de prison pour lui. Son avocate, maître Lambert a insisté sur la « pauvreté » de l’individu et de son vécu, insistant sur le fait qu’«il a changé », ayant décroché un travail et se faisant suivre psychologiquement. Finalement, la cour a condamné Olivier à 5 ans de prison avec sursis, assortis de plusieurs obligations dont celles de se faire soigner et justifier d’un travail.
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