Par Jean-Michel Aphatie le 6 avril 2009, 08:46 – Lien permanent
La violence a été la marque de ce week-end, en France. Violence à Strasbourg, violence à Bastia. Ici ou là, ces violences n’avaient rien en commun et sont toutes les deux condamnables. Ce constat, cependant, n’épuise ni les questions, ni la réflexion.
Une contradiction saute aux yeux à Strasbourg. Des milliers de policiers et de militaires étaient mobilisés pour faire face à une contestation dont chacun sait depuis des années, qu’elle peut prendre des formes épouvantables lorsqu’il s’agit de l’Otan. Et pourtant, selon une multiplicité de témoignages, policiers, gendarmes, et même pompiers, ont semblé curieusement absents, samedi, en fin de matinée, dans ce fameux quartier du port du Rhin où se concentrent aujourd’hui les principaux dégâts. Défauts de coordination? Erreurs de jugement? Incompétence? On aimerait savoir pourquoi, dans des conditions certes difficiles, et sans volonté de blâmer à priori, le travail qui aurait dû être fait et la protection qui aurait dû être assurée ne l’ont finalement pas été.
La Corse, Bastia, où sourt un drôle de climat. Rien, là non plus, ne justifie la violence. Mais puisqu’elle se produit, il faut la regarder. Des inscriptions, racistes, choquantes, témoignent-elles d’une radicalisation réelle? Parmi les plus virulents, comment vont évoluer ces jeunes, très jeunes garçons, que l’on voyait, samedi, aux premiers rangs des assaillants?
Rachida Dati, ministre de la Justice, répond ce matin à quelques lecteurs du Parisien. L’un d’entre eux l’interroge ainsi: « Dans l’affaire Colonna, j’ai l’impression qu’on manque de preuves… ». Réponse de Rachida Dati: « On est dans un Etat de droit. Il y a eu une instruction en toute indépendance et deux procès. Je ne commente pas une décision de justice. Chacun doit rester dans son rôle. »
L’évocation de « deux procès » est intéressante. Avec un matériau équivalent, ces deux procès ont présenté des visages très différents. Le premier fut maîtrisé, au point même de déboucher sur un verdict qui laissait la place au doute sur le rôle réel de l’accusé. Le second fut chaotique, marqué certes par l’agressivité de la défense, mais surtout par l’absence de maîtrise du président de la Cour et à quelques moments largement repérés, par son manque d’impartialité, donc du plus élémentaire des professionnalismes lorsque l’on est un magistrat de ce niveau, chargé de présider une Cour d’assises.
Sur cet aspect des choses, un ministre de la Justice n’a-t-il rien à dire? peut-il, sur le comportement des fonctionnaires dont il a la charge, et au regard de l’administration de la Justice dont il est responsable, s’abriter encore et tout le temps derrière « l’autorité de la chose jugée »? Cette facilité là n’aide pas à apaiser le climat et correspond à une conception de la responsabilité publique que l’on peut politiquement questionner.
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!