La Cour européenne des droits de l’homme a condamné mardi Varsovie pour avoir sanctionné un magazine qui avait publié un dessin satirique et a rappelé que la presse pouvait user “d’exagération, voire de provocation” pour remplir ses missions d’information.

Dans son arrêt, la Cour a conclu à l’unanimité à la violation de l’article 10 (liberté d’expression et de l’information) de la Convention européenne des droits de l’homme et a alloué 7.200 euros pour dommage matériel et 3.000 euros pour dommage moral à Miroslaw Kulis, directeur de la maison d’édition “Westa Druk” qui publie l’hebdomadaire Angora et son supplément pour enfants Angorka.

M. Kulis avait été condamné avec Piotr Rozycki, le rédacteur en chef d’Angorka, décédé en 2004, pour avoir publié en 1999 un article sur une campagne publicitaire pour des chips.

Conduite par la société Star Food, la campagne qualifiait de “meurtrier” le petit chien Reksio, personnage de bande dessinée très populaire en Pologne.

L’article était accompagné d’un dessin du chiot suivi des mentions: “Les enfants polonais choqués par une publicité pour des chips” et “Ne vous inquiétez pas, je serais aussi un meurtrier si je mangeais cette saleté!”

Les tribunaux avaient notamment estimé que l’article, en utilisant des termes “péjoratifs suggérant le dégoût et la répulsion”, avait “jeté le discrédit sur les produits de la société”.

Dans son arrêt, la Cour estime que la campagne publicitaire “a employé des slogans au contenu inadapté” ce qui soulevait des questions présentant “un intérêt et une certaine importance pour l’opinion publique”.

Les juges notent encore que les requérants “n’avaient pas l’intention de dénigrer la qualité des chips” mais de sensibiliser l’opinion “aux types de slogans employés par la société et au caractère inacceptable de pareils procédés destinés à faire vendre”.

Les tribunaux polonais ont aussi négligé le fait que la presse “a le devoir de communiquer des informations et des idées sur des questions d’intérêt général” et que pour cela, elle peut employer “une certaine dose d’exagération, voire de provocation”, conclut la CEDH.

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