Dix semaines d’audience, 400 journalistes accrédités, des débats retransmis par vidéo-projection, le procès Fourniret, au printemps 2008, a été ultra-médiatisé. Pourtant, parmi les acteurs réunis à la cour d’assises de Charleville-Mézières pour juger Fourniret, poursuivi pour le meurtre de sept jeunes femmes, « il y avait des protagonistes que personne ne voulait écouter : les avocats de la défense », estime le documentariste Olivier Meyrou. C’est pour « faire un film sur cet espace de la défense qui, contrairement à celui des victimes, est peu évoqué dans la presse », qu’Olivier Meyrou a tourné L’Avocat du diable. Le documentaire donne la parole aux avocats commis d’office de Fourniret et de sa compagne Monique Olivier. « Les journalistes n’ont pas toujours la distance nécessaire, poursuit Olivier Meyrou. L’accélération médiatique rend impossible, au coeur de l’émotion d’un procès, de parler de ceux qui défendent l’indéfendable ». C’est chose faite. W
Alice Coffin
Ce soir sur France 3, à 23 h
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Défendre l’indéfendable
Me Pierre Blocquaux était le défenseur de Michel Fourniret lors de son procès devant la cour d’assises de Charleville-Mézières, en 2008. Crédits photo : Hold up Films
«L’avocat du diable» – Olivier Meyrou a filmé les avocats du couple Fourniret pendant son procès.
Mars 2008. Il pleut sur Charleville-Mézières. La foule assiège le palais de justice où Michel Fourniret et Monique Olivier vont comparaître pendant trente-cinq jours, accusés d’une série de crimes abominables. Un des grands plaideurs du XXe siècle, Me Moro-Giafferi, avait eu cette saillie, rappelée en exergue de L’avocat du diable par une des figures actuelles du barreau, Paul Lombard : « L’opinion publique ? Chassez-la, cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche ! »
Olivier Meyrou a suivi tout au long du procès de Charleville, cadrés serrés, les conseils du couple Fourniret. Me Pierre Blocquaux assiste le mari, son confrère Richard Delgenès, l’épouse. Le premier connaît d’avance la peine – perpétuité réelle – qui frappera son odieux client. Le second caresse l’espoir d’arracher au jury, au profit de Monique Olivier, une once de clémence. Il sauvera deux ans de sûreté sur les trente requises.
Une solitude abyssale
La caméra nous entraîne dans l’abyssale solitude des avocats happés par l’horreur du dossier et la difficulté de la tâche. Quand on défend les Fourniret, on opère en apnée, dans la pénombre. À un moment, la sœur de Me Blocquaux, elle aussi avocate, lui demande : « Tu en as marre ? » Lui : « Oui, assez puissamment. » On le voit en président du club de basket local, perdu dans ses pensées en plein match. On découvre Me Delgenès tellement absorbé par la préparation de sa plaidoirie qu’il n’entend pas ses enfants.
Olivier Meyrou restitue, à travers les affres de ses deux protagonistes, le climat particulier de ces très grands procès d’assises qui avalent la vie alentour comme des trous noirs dévoreurs de galaxies. Il rend aussi justice aux avocats dont le rôle est souvent mal compris quand ils défendent ceux que l’opinion publique, leur ennemie jurée qui tire toutes les manches, a la triste habitude d’appeler des « monstres ».
France 3 – Ce soir à 23 heures.
L un des Avocats qui sait faire son travail avec honneur et merite, pas comme d autres qu ils sont la juste pour de l argent! Pour moi, avocat du diable,c est mal dit, plutot l ange qui defent le diable! Merci