Le tribunal correctionnel de Meaux a condamné la conductrice qui a foncé dans l’école maternelle à une peine dépassant les réquisitions du parquet.
Guénaèle Calant | 17.02.2009, 07h00
C’est une femme frêle, à la voix faible, qui est apparue dans le box des prévenus, à 19 heures.
Car pour aboutir à ce jugement, les enseignants et les parents du petit garçon blessé lors de ce coup de folie ont dû patienter cinq heures et demie ! Patients, ils l’ont été. Mais surtout, ils sont restés dignes et modérés dans leurs déclarations. Ceux qui se sont portés partie civile n’ont demandé aucuns dommages et intérêts. Ce qui revenait dans leur bouche : « Je ne comprends pas son comportement. » Très choquée par l’événement, la directrice de l’école qui a refusé le mardi 10 février de remettre la petite Julie à sa maman suivant une décision de justice a raconté : « Dès que j’ai vu sa mère arriver, j’ai mis la petite à l’abri. Et j’ai au moins cet honneur de dire qu’elle n’a pas vu tout ça. » En revanche, 90 autres enfants et nombre d’enseignants ont assisté aux diverses manoeuvres de la voiture, en pleine cour d’école. Personne n’a enfoncé la mère de famille à l’audience : selon les témoins, elle ne voulait pas tuer ou blesser… mais elle aurait pu le faire. Le père du petit garçon blessé a résumé la scène : « C’est un miracle. »
« L’émotion est palpable dans ce dossier. Nous sommes tous touchés, en tant que citoyens, que parents. Sa réaction a été disproportionnée. Nous avons affaire à des faits graves et à une personnalité complexe. Je ne comprends pas que ce soit jugé en comparution immédiate. Je reconnais un avantage à la cour d’assises, c’est qu’on prend son temps pour écouter les témoins, les experts, les victimes, l’accusé », a plaidé l’avocate de la défense, M e Nadia Zaïd.
La tête baissée, Nathalie Peltier a bredouillé : « Je ne suis pas une personne, je suis un monstre. » Pas tout à fait. Car, comme l’a souligné Maud Gauthier, la substitute du procureur, qui a requis seize mois de prison dont six ferme, « la prévenue est allée à l’hôpital de Coulommiers pour se soigner et a demandé à voir la police. » Un monstre, non. Une femme à la vie dure, oui. Mariée à un homme ultraviolent, qui a écopé d’une peine de réclusion aux assises, elle a subi des sévices et a vu son aînée faire l’objet d’un placement. L’idée de voir sa seconde fille placée (voir encadré) l’a fait dérailler.
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