P.-J. P., avec B. G.

Carmaux. 2 ans de prison ferme pour la fausse infirmière mais vraie braqueuse

Assises. En 1986, elle avait fait évader son mari en mettant en joue un policier de Carmaux.

Cinq ans de prison dont deux ans ferme, c’est la peine prononcée hier après-midi à Toulouse par la cour d’assises de Haute-Garonne contre Michèle Martin. Cette femme âgée aujourd’hui de 63 ans était jugée pour complicité de tentative d’évasion, violences sous la menace d’une arme et prise d’otage. Des faits remontant au 27 juin 1986, à Toulouse.

à l’aide d’un complice, elle avait organisé l’évasion de son mari, Dominique Martin. Armés et déguisés en infirmiers, ils avaient surgi dans la salle des urgences de l’hôpital Purpan pour libérer le prisonnier, qui s’était auto-mutilé la cheville à la prison Saint-Michel. Si le complice n’a jamais été identifié ni retrouvé, Michèle Martin a fini par se rendre à la police en 2005, après 19 ans de cavale entre la Suisse, l’Espagne et le Pays basque.

« La cour d’assises a tenu compte du laps de temps écoulé entre les faits et le jugement » souligne Me Christian Etelin, avocat de la défense, satisfait que sa cliente ne réintègre pas la maison d’arrêt. En effet, depuis son arrestation en 2005, Michèle Martin a déjà effectué un an de détention provisoire : la peine de 2 ans ferme prononcée hier sera donc aménagée.

Quoi qu’il en soit, Michèle Martin ne risquait pas une lourde condamnation, 23 ans après les faits. Depuis la réforme de la loi pénale en 1994, la tentative d’évasion n’est plus un crime mais un délit.

Le verdict satisfait malgré tout les parties civiles. Me Frédéric Albarède, du barreau d’Albi, représentait René Brandouy, ce policier originaire de Carmaux qui avait escorté le détenu, ce 27 juin 1986. « Tout a été reconnu, surtout les violences sous la menace d’une arme que contestait l’accusée. Or, mon client avait vu le canon de l’arme braqué à quelques centimètres de son nez », souligne l’avocat albigeois.

Un souvenir douloureux que le verdict contribuera à adoucir.

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B.G.

Toulouse. 23 ans après les faits, Michelle Martin est jugée en Cour d’assises pour une rocambolesque tentative d’évasion.

Le détenu avait organisé son évasion à l'hopital Purpan. Photo DDM, Archives

Le détenu avait organisé son évasion à l'hopital Purpan. Photo DDM, Archives

La cour d’assises de Haute-Garonne a fait hier un retour en arrière de… 23 ans! Michèle Martin, 63 ans, comparait pour avoir fait évader son mari, Dominique Martin, en juin 1986. C’est après 19 ans de cavale qu’elle est venue s’expliquer à la barre, libre, assistée de Me Christian Etelin.

Un après-midi du mois de juin 1986, Dominique est extrait de la prison St-Michel à Toulouse, où il purge une peine pour tentative de meurtre, pour être hospitalisé à Purpan. Son épouse et un complice, qui n’a jamais été retrouvé, surgissent, arme au poing, dans la salle d’attente. Ils braquent l’escorte, constituée de deux surveillants et de deux gardiens de la paix, dont le Carmausin René Brandouy, partie civile dans ce procès (lire ci-contre).

Ils cisaillent les entraves du mari et s’enfuient prenant une infirmière en otage. Les policiers les pourchassent dans Toulouse. Les deux complices du détenu abandonnent la voiture et s’échappent. Le fuyard est interpellé un peu plus loin.

Dominique est condamné pour son évasion, son épouse, en cavale est condamnée par contumace. Elle est sous le coup d’un mandat d’arrêt.

C’est en 2005, après 19 ans de cavale que la fugitive se rend à la police.

Les cheveux blonds coiffés en chignon, vêtue d’un long imper noir, cette femme au caractère bien trempé relate, sans fierté, devant la cour, le parcours d’une femme amoureuse. «J’avais envie qu’il s’évade! clame-t-elle. Avec Dominique, on s’est rencontré quand il était en prison, je l’ai vu dans une émission de télé, j’ai voulu lui écrire. Et puis, on est tombé amoureux.

– Mais pourquoi acceptez-vous de l’aider? s’enquiert le président Huyette. – Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas! On s’est marié en 1985, à la prison St-Michel. Je savais qu’en étant son épouse je risquais moins.»

Elle revient ensuite sur les dix-neuf dernières années de sa vie. «Je vivais en Suisse, entretenue par un milliardaire helvète. J’ai eu une vie très confortable. Pourtant, la cavale a été difficile à vivre. Vous savez, les gens ont besoin d’un passé. Moi, je ne pouvais pas raconter le mien. On vit sans cesse dans le mensonge, c’est ce qui m’a fait souffrir.»

Verdict aujourd’hui.

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