Si Xavier Bertrand se dit ouvert au débat, Gérard Larcher et Dominique de Villepin expriment leur désaccord envers le projet. Le ministre de l’Intérieur souhaite notamment introduire des jugés populaires en correctionnelle et faire élire certains juges.

A droite, les propositions de Brice Hortefeux font débat. Après les récentes propositions du ministre de l’Intérieur portant sur l’organisation de la justice, les réactions se multiplient. Le secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand s’est déclaré “totalement favorable au débat” sur l’introduction de jurés populaires en correctionnelle et l’élection des présidents de tribunaux proposée par le Brice Hortefeux.
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“En tant que secrétaire général du Mouvement populaire, je suis totalement favorable à ce débat”, a déclaré M. Bertrand sur France Inter. Il a rappelé qu’en tant que patron de l’UMP il avait confié une mission de réflexion à un député et un sénateur pour cerner “les contours” de ce débat.

“Quand un jugement est rendu dans ce pays, on dit que ce jugement est rendu au nom du peuple français, moi je souhaite qu’il soit rendu davantage par le peuple français”, a expliqué le député de l’Aisne.

“L’élection des juges en soi ça n’est pas une révolution extravagante dans un pays comme le nôtre”, a-t-il estimé notant que, déjà, les conseillers prud’homaux, les juges des tribunaux de commerce, étaient élus. Ces derniers sont toutefois élus par leurs pairs et non au suffrage universel.

Xavier Bertrand s’est “réjoui” du débat sur ces sujets dans la majorité jugeant que cela permettra d’aborder aussi “d’autres sujets, notamment sur la question de la récidive”.

Libertés individuelles

Après le viol et le meurtre du jeune femme par un récidiviste près de Lille, “nous devons nous poser des questions” car “la société n’a pas su protéger cette jeune femme”, a-t-il dit.

“Il y a des mesures nouvelles à mettre en œuvre sur la protection des victimes. On ne peut pas laisser des prédateurs en liberté si peu d’années après leur condamnation”, a expliqué M. Bertrand. Il a notamment préconisé l’abaissement de 15 à 10 ans du seuil de condamnation à partir duquel la rétention de sûreté pourrait s’appliquer.

Du côté du président du Sénat Gérard Larcher (UMP), le son de cloche n’est pas tout à fait le même. Il a désapprouvé la proposition de Brice Hortefeux d’élire des présidents de tribunaux correctionnels, estimant en revanche que “l’idée de jurés populaires pour des faits graves en correctionnelle mérite d’être approfondie”.

“Jurés populaires oui, juges élus non”, a lancé M. Larcher sur Europe 1. “L’élection c’est fait pour l’autorité politique, législative et exécutive. Par contre, l’idée de jurés populaires pour des faits graves en correctionnelle mérite d’être approfondie”, a-t-il expliqué.

Tenant à “redire (sa) confiance dans les magistrats”, M. Larcher a averti que le Sénat serait “attentif à cette question des libertés individuelles”

“La garde des Sceaux a dit très clairement que chacun avait son projet. Quand nous aurons à débattre par exemple de la réforme de la garde à vue ou de la procédure, nous serons extrêmement attentifs à la fois à l’efficacité de la justice”, à la défense “des victimes” mais aussi aux “libertés” individuelles, a-t-il dit.

Dans un entretien à la Croix paru lundi, Michelle Alliot-Marie a également pris ses distances avec les propositions du ministre de l’Intérieur, et annoncé qu’elle ferait “très rapidement” les siennes.

“Pagaille généralisée”

L’ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, a vu lundi dans les propositions de Brice Hortefeux “une surenchère aussi inefficace qu’inopportune” et “un “concours Lépine judicaire”.

“Dans une période difficile, Brice Hortefeux a tort de mettre ces sujets sur la table sans précaution”, a déclaré M. de Villepin sur RMC et BFM-TV. Avec de telles propositions, le ministre de l’Intérieur entre dans “des surenchères aussi inefficaces qu’inopportunes”, a-t-il ajouté.

Les jurés populaires dans les tribunaux correctionnels, “je ne vois pas ce que cela changera aujourd’hui dans notre pays”, a expliqué M. de Villepin. Quant à “avoir des présidents de tribunaux en campagne permanente, cela ôtera beaucoup de sérénité au travail de la justice. Je crois que la tradition judiciaire française n’est pas celle-là”.

Selon le président de République solidaire, mieux vaudrait s’intéresser à “l’aménagement des peines”, au “sens que l’on donne à la peine, à la façon dont on applique nos lois, que d’aller chercher dans un concours Lépine judiciaire de nouvelles idées qui n’ont pas d’autre vocation que de faire parler et de surenchérir”.

Notant que les initiative de M. Hortefeux “empiètent sur sa collègue de la Justice”, Michèle Alliot-Marie, il a dénoncé une “cacophonie”, une “pagaille généralisée” au sein du gouvernement.

“Je crois que nous sommes entrés dans une période de campagne d’autopromotion active de chacun des membres du gouvernement qui cherche à gagner sa place” dans le prochain, a estimé l’ancien Premier ministre faisant allusion au prochain remaniement.

“La France, malheureusement, n’est pas gouvernée”, a-t-il déploré.

(Nouvelobs.com)

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