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Incarcéré depuis plus d’un an et soupçonné d’être le cerveau d’une opération de racket pilotée depuis sa geôle, Jacques Mariani  devrait être mis en examen le 24 juillet. Il s’insurge dans un courrier. France-Soir l’a consulté.

Depuis sa cellule de la centrale de Saint-Maur (Indre), Jacques Mariani ne décolère pas. Le Corse, membre présumé du célèbre gang bastiais de la Brise de mer, est écroué depuis le 12 mars 2008, date à laquelle la cour d’assises des Bouches-du-Rhône l’a condamné à une peine de quinze années de réclusion criminelle pour avoir trempé dans l’assassinat du jeune nationaliste Nicolas Montigny en septembre 2001. Le 17 juin dernier, Jacques Mariani a été extrait de sa geôle et conduit sous bonne escorte au siège de la direction centrale de la police judiciaire, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Motif : il aurait piloté, depuis la prison, des opérations d’extorsion de fonds. Le racket, qui viserait notamment deux boîtes de nuit et un restaurant d’Aix-en-Provence, porterait sur plusieurs dizaines de millions d’euros, selon les enquêteurs. Dans ce dossier, instruit par un juge de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, huit autres personnes ont été mises en examen pour abus de bien sociaux, blanchiment aggravé, extorsion de fonds en bande organisée ou association de malfaiteurs, selon les cas. Quatre d’entre elles ont été écrouées, dont la compagne de Jacques Mariani.

« Juge revanchard »

Vendredi, dans une lettre transmise à France-Soir par l’intermédiaire de l’un de ses avocats, Jacques Mariani s’insurge avec virulence – et non sans un certain lyrisme – contre les pratiques du magistrat instructeur. Charles Duchaine, en effet, est le juge qui a instruit, à Bastia, l’affaire Marcelli, du nom de deux frères assassinés en août 2001 en Haute-Corse. Crimes imputés par ce magistrat à cinq hommes réputés proches de la Brise de mer, dont Jacques Mariani. Mais, traduits devant la justice, tous ont été acquittés en juillet 2006 au terme de leur détention provisoire. « J’ai été placé en détention pendant six longues années en région parisienne, jeté dans les quartiers de haute sécurité, emmuré vivant dans une cellule de 9 m2, 23 heures sur 24, sans voir ni parler à qui que ce soit ! », se révolte le Corse. « Mais le feuilleton que l’on intitulera “La vengeance d’un petit juge revanchard” va réapparaître aujourd’hui. Oubliant les montagnes corses pour le pôle financier de Marseille, ce monsieur va de nouveau essayer de prendre encore un peu de ma vie sans jamais regretter de s’être trompé sept années plus tôt », écrit encore Mariani. Le Corse fustige la décision du magistrat d’avoir placé sa compagne « atteinte d’une tumeur cérébrale » en détention. Cette dernière, selon les enquêteurs, aurait activement participé aux extorsions de fonds. « Quelque 300.000 euros en liquide ont été déposés sur son compte bancaire », avait assuré à France-Soir une source policière en juin dernier. « Elle n’a eu que le tort d’être ma femme », assure Jacques Mariani dans son courrier.

Visioconférence

Le Corse vient de recevoir une convocation du juge Duchaine. Le 24 juillet, le magistrat devrait lui signifier sa mise en examen dans cette dernière affaire de racket, a appris France-Soir auprès de son défenseur. « Mon client n’aura pas à se déplacer : le juge le recevra par visioconférence ! », raille Me David Metaxas, avocat au barreau de Lyon. Le conseil envisage d’ailleurs de présenter dans les jours qui viennent une requête en récusation du magistrat ainsi qu’une nullité de la procédure – « La mise en examen de mon client est tardive et n’a été décalée que pour nuire aux droits de la défense de M. Mariani. » Et l’avocat d’estimer « qu’il est incompréhensible qu’un juge déjà désavoué par une cour d’assises puisse instruire une nouvelle affaire concernant la même personne, sauf à imaginer que le juge Burgaud puisse à nouveau instruire une affaire concernant les accusés d’Outreau… »

Sandrine Briclot

Edition France Soir du samedi 18 juillet 2009 page 7


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