Christophe Rosier a été reconnu coupable du meurtre de sa concubine, Angélique Crégut. L’avocat général avait requis 25 années de réclusion à son encontre
- Les débats présidés par Claude Pascot ont fait ressortir que l’accusé et la victime formaient tout sauf un vrai couple. (Dessin pierre milon)
« Descente aux enfers »
Sur la base de ces allégations déjà formulées à de nombreuses reprises – « Je n’ai jamais voulu la tuer » – son avocat, Me Philippe Callaud, du barreau de Saintes, a tenté en vain d’ajouter une question subsidiaire tendant à requalifier les faits en violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
« Quel gâchis pour les deux familles ! », s’est exclamé Me Méhana Mouhou, du barreau de Rouen, l’avocat des cinq parties civiles (parents, frère, soeur et grand-mère de la victime) originaires du Pays rochefortais, en débutant sa plaidoirie. Avant de s’attarder sur les conséquences vécues aujourd’hui pour les proches de la victime : « Il n’y a plus de réunions de familles, mais que des réunions de larmes ». Enfin, il est revenu sur la « descente aux enfers vécue par Angélique : elle prend 20 kg en un an et demi, elle sombre dans la dépression. Ne restait plus que son caractère à cette fille gentille, aimante et sincère ».
Convaincu par aucune des raisons avancées par Rosier pour expliquer ce drame – 1,37 g d’alcool par litre de sang, énervement à cause du chien ou frustration de se voir refuser une relation sexuelle -, Me Mouhou a estimé que cet acte avait été « mûri, réfléchi, prémédité ».
« Qu’il n’ait pas trouvé les explications à son geste n’enlève rien à l’intention de tuer », a ensuite soutenu l’avocat général, Soraya Ahras, avant de tempêter : « Depuis quand des frustrations domestiques constituent un permis de tuer ? Il l’a supprimé car elle incarnait, à ce moment-là, son impuissance », a-t-elle tonné avant de requérir 25 années de réclusion.
« Ils ne partageaient rien »
Une peine trop lourde pour Me Callaud, qui a plaidé des circonstances atténuantes, rééditant ses doutes sur « l’intention de tuer » d’un accusé en invoquant le rapport du psychologue qui le décrivait « souffrant d’immaturité psychoaffective ».
Comme en écho au sentiment de l’avocat général, qui avait souligné plus tôt que « ce n’était pas un crime passionnel, mais de l’antipassion », Me Callaud l’a qualifié « de crime de la déraison ». « Ces deux jeunes, qui n’avaient pas encore 30 ans, n’avaient rien en commun : ils ne partageaient pas le lit, les repas, les programmes télé. Ils n’avaient rien à faire ensemble et personne ne leur a dit. »
Au cours des toutes premières minutes de son procès, Christophe Rosier avait fait cet aveu : « On aurait dû discuter autour d’une table des problèmes du couple ». Avant d’ajouter : « Je ne sais pas trop dialoguer. Je me confie peu ».
David Briand
COUR D’ASSISES
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!