Anne Rovan

Après un déplacement lundi à Toulon, la garde des Sceaux sera demain à Lille pour faire le point sur le droit des victimes.

Un mois après l’officialisation de son départ du gouvernement, Rachida Dati sort de son silence. La garde des Sceaux vient d’entamer sa tournée d’adieux de ministre de la Justice. Elle était lundi à Toulon, dans la ville de son collègue Hubert Falco, pour parler de son action en matière d’immobilier à la Justice. Ironie de l’histoire, c’est dans cette ville qu’elle avait accompagné le candidat Nicolas Sarkozy en février 2007, il y a deux ans, pour un grand meeting de campagne. Ironie toujours, avant de signer le livre d’or de la Ville, Rachida Dati s’est rendu compte que le dernier à l’avoir fait était encore Nicolas Sarkozy. C’était fin septembre, à l’occasion de son discours sur la crise.

La page qui se tourne n’a pas échappé à Hubert Falco. «Merci, Rachida, pour ce que tu as fait et pour tout ce qu’il te reste à faire. Il y aura toujours une place pour toi dans notre belle ville de Toulon», a lancé à son invitée le secrétaire d’État à l’Aménagement du territoire. Dati se rendra demain à Lille pour faire le point sur les droits des victimes. Deux autres étapes de sa tournée sont prévues dans les prochaines semaines. La ministre tient à défendre son bilan et ses réformes. «J’ai beaucoup de choses à dire sur comment on réforme, comment on avance, comment on obtient des résultats.»

Rachida Dati veut donc reprendre la main. Mais, dans l’avion qui l’amène à Toulon, elle n’a visiblement pas envie de faire la conversation. Quelques réponses elliptiques et la voilà qui se plonge dans la lecture de Marianne, du magazine Elle et de l’hebdomadaire Femina. Puis elle se réfugie dans la musique. Peut-être se repasse-t-elle Quand j’serai K-O, la ballade légère et cruelle dans laquelle son idole Alain Souchon chante les ambitions déçues et la solitude ?

Portraits en préparation


Le mystère continue de planer sur la date à laquelle la garde des Sceaux quittera le gouvernement.
Le mystère continue de planer sur la date à laquelle la garde des Sceaux quittera le gouvernement. Crédits photo : Le Figaro

Au retour, Dati sera plus bavarde. À défaut de se livrer, elle donne le change. Son départ du gouvernement, elle le minimise : «Partir n’est pas une difficulté en quoi que ce soit. J’ai des choses à dire là-dessus», explique-t-elle. Les récentes critiques de l’ancienne garde des Sceaux Élisabeth Guigou sur son silence après l’évasion de Moulins et son «congé maternité à géométrie variable» la laissent aussi de marbre. «Guigou fait de la politique», lâche Dati. Même le livre Belle-Amie ne semble pas ébranler la petite fille de Chalon-sur-Saône devenue garde des Sceaux. Les auteurs, Michaël Darmon et Yves Derai, y dressent pourtant un portrait au vitriol de la ministre. Aux yeux de l’intéressée, c’est un non-événement. «Vous savez, sept ou huit livres sont déjà sortis sur moi. Je ne l’ai pas lu», lance-t-elle, les yeux dans les yeux. D’autres portraits sont en préparation. Arte diffusera le 3 mars, en première partie de soirée, un documentaire sur la ministre. Son titre ? Dati, l’ambitieuse. Un autre livre est prévu pour avril.

D’ici là, Dati aura repris la parole dans une grande interview qu’elle accordera à un hebdomadaire. «Je m’exprimerai dans quelques jours», se contente-t-elle d’indiquer. Ce sera vraisemblablement en fin de semaine prochaine. En attendant, le mystère plane sur la date de son départ de la Place Vendôme et sur ses éventuels regrets. Michel Barnier, qui conduira la liste UMP aux européennes en Ile-de-France, a confirmé mardi qu’il quitterait l’Agriculture «au début du mois de mai». Rachida Dati partira-t-elle de la Place Vendôme au même moment ou restera-t-elle jusqu’au lendemain des élections de juin ? Tout dépend de Nicolas Sarkozy. «J’ai encore deux choses à faire pour remplir la feuille de route du président», explique la ministre.

Parmi ces «choses», il y a le projet de loi pénitentiaire, dont l’examen commencera lundi au Sénat mais pour lequel aucune date n’est arrêtée à l’Assemblée. Sans dévoiler ses ambitions à long terme, Rachida Dati avance ses pions. Elle semble ainsi prête à tendre la main à François Fillon, qui, comme elle, pourrait être intéressé par la bataille de Paris en 2014. «Les ­réunions se passent bien avec lui. Il est dans l’échange. Il prend du temps. Vous l’appelez et il vous rappelle», lance-t-elle à l’attention de celui avec lequel les relations s’étaient dégradées ces derniers mois.

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