«Ministère infernal». Dès le titre, le ton est donné. «La Place Vendôme ne quitte jamais la une de l’actualité plus de vingt-quatre heures», écrit Mathieu Delahousse dans son dernier livre* consacré au ministère de la Justice. En plus d’être une machine complexe aux yeux des Français, ce ministère, sis dans l’hôtel de Bourvallais, est, pour son occupant, l’un des plus exposés de la République.
Au fil de son enquête, le journaliste, spécialisé dans les questions judiciaires au Figaro, égrène les confidences glanées auprès de 14 des 15 gardes des Sceaux qui se sont succédés Place Vendôme depuis 1981 : de Maurice Faure (en poste trois semaines) à Robert Badinter, qui abolira la peine de mort, en passant par Albin Chalandon pendant la première cohabitation, Pierre Arpaillange, premier magistrat à accéder aux fonctions de garde des Sceaux puis, plus récemment, Rachida Dati et enfin Michèle Alliot-Marie.
À leur prise de fonction, ils partagent une volonté commune, déclinée comme un slogan. Il faut, répètent-ils en choeur, redonner aux Français confiance en leur justice. Quelques années voire quelques mois plus tard, indépendamment des réformes obtenues ou non, le constat est un peu amer.
Parmi les raisons de la méfiance des Français, les soupçons de pressions venues de la sphère politique sur les magistrats et les étiquettes politiques attribuées aux magistrats du parquet. Une situation difficile à gérer pour les intéressés.
Alors qu’un juge d’instruction vient de décider du renvoi de Jacques Chirac devant un tribunal correctionnel, certains s’interrogent : ce renvoi aurait-il été possible une fois adoptée la réforme qui supprimera le juge d’instruction ? Il est «totalement impossible» de répondre à cette question selon Mathieu Delahousse pour qui le dossier Chirac a littéralement empoisonné la Chancellerie pendant de longues années.
Le passage de Rachida Dati Place Vendôme a été marqué par son affrontement avec le puissant conseiller judiciaire de Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart, qualifié de «vrai» ministre de la Justice. Selon Mathieu Delahousse, l’émergence de Patrick Ouart, qui vient d’officialiser son départ vers le privé, est liée aux difficultés rencontrées à l’époque par la garde des Sceaux.
* Justice, le ministère infernal, Flammarion, 386 pages, 20 €.
06/11/2009 | Mise à jour : 15:07 | Commentaires 14 | Ajouter à ma sélection
Rachida Dati fait le guide pour les visiteurs, le 16 septembre 2007 dans son ministère, lors des Journées du Patrimoine. Crédits photo : AFP
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