Libre avant son procès en appel
Yves de Frémond a été remis en liberté après avoir été condamné à 8 ans de prison en septembre par la cour d’assises. Photo BB
L’agriculteur avait été condamné par la cour d’assises à 8 ans de prison en septembre dernier.
Le 25 septembre dernier, Yves de Frémond, agriculteur de 43 ans, était condamné par la cour d’assises de Loire-Atlantique à huit années de réclusion criminelle pour avoir tué Aude Vachez, son ex-concubine, avec un tracteur. La sentence à peine prononcée, son avocate, Me Audrey Vaultier, qui avait plaidé l’acquittement, annonçait sa décision d’interjeter appel.
Sous contrôle judiciaire
Vendredi dernier, moins de quatre mois après sa condamnation, Yves de Frémond a obtenu sa remise en liberté sous contrôle judiciaire en attendant la tenue d’un second procès. « C’est une décision assez rare qui s’explique à la fois par la personnalité de l’accusé, mais aussi par le fond du dossier, estime l’avocate nantaise qui l’a défendu devant la cour d’assises et qui a formulé cette demande de remise en liberté juste avant de passer la main dans ce dossier à son confrère Me Yvan Trebern. D’abord, Yves de Frémond, en attendant l’appel, est à nouveau présumé innocent. C’est ensuite quelqu’un de très respectueux de ses obligations judiciaires, qui est inséré socialement, et qui a un fils mineur. Il ne représente pas de danger pour la société. Enfin, il y a sur le fond du dossier un doute qu’on ne peut pas exclure ».
Date pas encore arrêtée
En première instance, après une bataille à la barre entre l’expert automobile et son avocate, Yves de Frémond avait été reconnu coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort de son ex-compagne, le 23 octobre 2005 à Saint-Vincent-des-Landes. Son nouvel avocat, lui, entend démontrer que cette qualification n’est pas celle qui convient le mieux à l’affaire et qu’il s’agirait plutôt d’un homicide involontaire. La date du nouveau procès n’a pas encore été arrêtée.
Jérôme Jolivet
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En 2005, Aude Vachez avait péri asphyxiée sous sa voiture renversée par le tracteur. La défense fera appel.
« Il aurait pu sauver Aude »
Le jury a donc estimé que le renversement par un tracteur de la voiture sous laquelle Aude Vachez est morte asphyxiée, en présence de son fils de 12 ans et du père de celui-ci, résultait bien d’un « geste volontaire », comme l’ont rabâché les avocats des parties civiles pendant les trois jours du procès. « Aude a été la victime d’un crime », accentue Me Olivier Méchinaud à la barre. Après avoir retourné la voiture, « avec son tracteur, Yves de Frémond aurait pu sauver Aude Vachez », en remettant la Mitsubishi sur ses quatre roues. « Il ne l’a pas fait », conclut-il froidement.
Amel Maugin, sa consoeur sur le banc des parties civiles, considère qu’Yves de Frémond « dans ce tracteur, se sent fort ». « Il a un sentiment de toute-puissance qui efface sa peur panique » du compagnon d’Aude, un « costaud » qu’on lui a décrit comme « violent ». Mais qu’il n’a jamais rencontré ! « Vous vous êtes défendu contre des chimères », sermonne Me Méchinaud en s’adressant directement à l’accusé.
L’avocat général, lui, ne croit pas qu’il y ait eu de la peur dans cette affaire. « Il y a autre chose : sa relation avec Aude a capoté. Il l’a extrêmement mal vécu. Il y a une rage intérieure, une rancoeur, une jalousie », énumère Pierre Lecat. « Il n’a pas voulu la mort de façon consciente, mais il a voulu balayer quelque chose de son passé, interprète-t-il. Il y a là une blessure narcissique, une humiliation qui l’a conduit à agir de la sorte ».
Film amateur
« Ce n’est pas parce qu’il y a une famille en pleurs que les faits ne doivent pas être analysés avec raison », a ensuite plaidé Me Vaultier. Elle rappelle aux jurés ce film amateur montré la veille où l’on voit le tracteur se mettre exactement dans la position décrite par l’accusé. Un positionnement que l’expert automobile avait pourtant refusé d’envisager dans ses conclusions. « Cette vidéo, c’est l’existence d’une probabilité », clame-t-elle. Or, « le doute, le moindre doute, doit profiter à l’accusé. C’est la loi ! », poursuit-elle. Les jurés, eux, n’ont pas douté.
Jérôme Jolivet
L’avocat général : « Une humiliation l’a conduit à agir de la sorte »
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