SAINT-QUENTIN
Devant la cour d’assises de l’Aisne, Eric Hanon a réaffirmé haut et fort ne pas avoir étouffé sa compagne, au cours de la nuit du 26 au 27 juillet 2005, rue Ribot.

Je suis beaucoup gueulard mais pas méchant pour un rond » dit Eric Hanon. « Je l’aimais bien, sauf vers la fin ; j’étais moins heureux ».

Tous deux s’épaulaient comme ils pouvaient. A 23 ans, dans une voiture conduite par un de ses frères, Eric Hanon avait été victime d’un grave accident de la route qui lui avait coûté six mois de coma, une très longue rééducation à Saint-Gobain et des séquelles irrémédiables, notamment au niveau de la mémoire.

Lors d’un séjour dans un foyer de vie, il a fait la connaissance de Annie Bourré, handicapée moteur cérébrale depuis sa naissance. Une femme qui faisait tout pour garder le plus d’autonomie possible. Elle était coquette, jamais en tenue négligée, tenait parfaitement bien son logement et ses comptes.

Ils se sont aimés, se sont mis en couple dans un appartement et ont fait des projets d’avenir.
Un tableau idyllique

Lui était plutôt suiveur que décideur. Il laissait libre champ à Annie pour organiser la vie conjugale et vivre dans un cadre agréable, Annie ayant beaucoup de goût pour la décoration. Mais l’état de santé de Annie s’était fortement dégradé. Ses difficultés respiratoires s’étaient aggravées du fait de la consommation de cigarettes, source de nombreuses disputes au sein du couple.

Eric Hanon lui reprochait également de boire trop de café et de ne pas prendre régulièrement ses médicaments. Il dresse néanmoins un tableau presque idyllique de leurs relations, et assure qu’il ne la frappait pas, sauf lâche-t-il, « quelques gifles » et surtout, il la pinçait au bras « lorsqu’ils n’étaient pas d’accord. »

L’état d’Annie était devenu alarmant. Peu de temps avant le drame, il avait été question de l’hospitaliser, ce qu’elle avait refusé.
« Elle me faisait peur. Elle s’était beaucoup affaiblie et ne savait plus expectorer ses crachats » dit la sœur d’Eric Hanon. Elle décrit son frère comme un être généreux, soucieux du bien-être de sa compagne dont il appréhendait l’avenir sans lui.

Des propos confirmés par le frère d’Eric Hanon qui insiste sur la vulgarité et la grossièreté dont la victime faisait preuve envers l’accusé.

Le témoignage de la curatrice d’Eric Hanon ne laisse aucun doute sur ses convictions. Même si « c’était un plaisir de travailler avec ce couple » elle mentionne que la victime « faisait tout ce qu’elle pouvait pour aider sa mère dont les ressources étaient faibles. »

A ce titre, elle tenait les comptes d’Erice Hanon dont le patrimoine n’est pas négligeable. Elle a remarqué que des biens mobiliers, acquis par ce dernier, filaient à peine usagés chez la mère de la victime. Ils étaient remplacés par d’autres, achetés par Eric Hanon.

La mère d’Annie Bourré avait fait état -et elle n’était pas la seule- de violences exercées par Eric Hanon sur sa fille, notamment juste avant le drame. Son témoignage fera défaut lors de ce procès. Elle vient de décéder.
Aucune trace de lutte

Hier, Eric Hanon s’est présenté en fauteuil roulant, incapable de marcher normalement en raison de ses anciennes blessures. Il a répondu spontanément aux questions. A la demande de la présidente, Isabelle Seurin, il a dit tout de go que le plus dur, c’était « la perte d’un être cher et ensuite le handicap. »

Son comportement est celui d’un innocent qui aura fort à faire devant les médecins légistes. Ceux-ci concluent à une mort violente et non naturelle, même si aucune trace de lutte et de défense n’a été relevée sur le corps de la défunte.

Une originalité a marqué le début de ce procès : pour une raison inconnue, l’enquêteur de personnalité qui devait exposer ses travaux sur Eric Hanon ne s’est pas présenté hier et n’a fait parvenir aucune explication à la cour. Ce n’est pas fréquent. Quel était le contenu de son rapport ? Mystère. On en saura peut-être davantage aujourd’hui, s’il vient.

FRANÇOISE.-J. CHÉRUY

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