Trois Niortais et un Poitevin sont jugés depuis mardi à La Roche-sur-Yon.
La journée d’hier a été marquée par le réquisitoire de l’avocate générale.

E lle n’a jamais manifesté qu’elle ne voulait pas. Elle aurait dit non, j’aurais dit à mes amis de ne pas la toucher, déclare Ali Youssouffi, l’un des accusés du procès de viol collectif, après une soirée en discothèque le 18 mars 2008 (NR de mercredi et jeudi)). Mercredi, les jurés vendéens avaient entendu ses copains raconter avec des regrets cette triste nuit. « Oui, j’ai tenté d’avoir un rapport avec la jeune fille. J’ai eu un blocage. Jusqu’à maintenant, je n’accepte pas le terme de viol. Pour nous, dans notre tête, elle était consentante », objecte Ali.
Lida Madi Abdou, le locataire de l’appartement à Mouilleron-en-Pareds où se sont déroulés les faits, était là en « spectateur » : « La jeune fille n’était pas bien du tout. Sur le coup, je ne me suis pas posé de questions. » Selon ses déclarations, il s’est absenté pendant près d’une heure, mais il n’a pas eu qu’un rôle passif. Le président de la cour d’assises, Pierre Hovaëre, lui fait observer : « Vous ne pouviez pas ignorer ce qui passait : vous avez fourni des préservatifs. »

“ Si j’avais été à jeun ”

Comment se comportait la jeune fille ? « Elle ne bougeait pas. » Le jeune homme tente de se dédouaner : « Si j’avais été à jeun, les choses ne se seraient pas passées de la même manière. » C’est lui et Ali qui ont demandé aux autres d’arrêter. Quand l’adolescente a repris un peu conscience, elle a révélé son âge, ce qui apparemment a suscité une certaine inquiétude dans le groupe de Maorais : « On nous a dit, chez nous à Mayotte, qu’on n’avait pas le droit d’avoir une relation sexuelle avec un mineur. Alors, on a eu peur », explique Ali. Le président le reprend : « Qu’elle ait 17 et 18 ans, cela ne change rien. Le problème est celui du consentement. »
Y avait-il consentement ou pas ? « A aucun moment, elle ne peut afficher son refus. Elle était inconsciente : Ils rigolaient, ils buvaient, ils regardaient un film porno en abusant d’elle », affirme Me Peggy Boucher, l’avocate de Carole (1), en demandant aux jurés de la reconnaître comme une victime.

“ C’est une tournante ”

Me Éric Gomot, qui défend les parents, enfonce le clou : « C’est une tournante, un viol collectif. A qui va-t-on faire croire le contraire ? »
L’avocate générale, Emilie Rayneau, demande quinze ans de réclusion contre trois des accusés : Ismaël Ahmed, Ali-Hadhuiri Youssoufi, Djaffar Assani ; et douze ans contre Madjidhoubi Tadjidine « parce qu’il était jeune et qu’il a été entraîné par le phénomène de groupe ». Concernant Lida Madi Abdou, elle requiert deux ans de prison dont quinze mois avec sursis. L’avocate générale qualifie de « monstres » ces hommes qui ont fait de cette jeune fille « leur chose pour assouvir leurs bas instincts ».
Ces peines, Me Alain Fouquet, l’avocat d’Ali-Hadhuiri Youssoufi, les considèrent comme « totalement décalées ». « J’ai acquis cette conviction qu’Ali s’est trompé de bonne foi sur le consentement de la jeune fille. Vous devez l’acquitter. Sinon, on doit tenir compte de l’interprétation d’une situation dont il n’a pu mesuser les conséquences. »
Le procès se termine aujourd’hui avec la suite des plaidoiries et le verdict.

(1) Prénom d’emprunt.

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