L’affaire de la Française Sabah Ezzedi a été renvoyée au 28 mai, lundi à Istanbul. Son comité de soutien ne comprend pas que son sort ne suscite pas autant de mobilisation que celui de Florence Cassez.

Le jour-même où Florence Cassez, emprisonnée au Mexique, va être fixée sur son sort, Sabah Ezzedi apprend qu’elle va devoir attendre pour connaître le sien. L’une, sous le feu médiatique. L’autre, dans la plus grande discrétion. Sabah Ezzedi, une Française de 41 ans, clame pourtant son innocence depuis près de deux ans maintenant, du fond de sa geôle turque.

Interpellée le 23 juin 2007 à l’aéroport Atatürk d’Istanbul avec 684 grammes de cocaïne dissimulés dans le double fond de sa valise, elle attend d’être jugée pour importation et détention de stupéfiants depuis cette date. Cette mère de trois enfants (20, 13 et 7 ans) originaire d’Agen risque quinze ans de prison si le tribunal suit les réquisitions du procureur.

Mais, alors que le procès devait débuter lundi, le tribunal a décidé de repousser l’échéance. «L’affaire est renvoyée au 28 mai» annonce son avocat Me Laurent Bruneau, au figaro.fr. Seule consolation : «le tribunal a accepté de requalifier les faits en tentative de trafic de stupéfiants», précise l’avocat. Selon lui, cela ne diminue toutefois pas la longueur de la peine risquée.

«C’est la douche froide !» commente Me Bruneau en indiquant que Sabah Ezzedi est «complètement abattue». «A la fin de la séance, elle avait l’œil dans le vague, elle n’en peut plus» lance-t-il dans un soupir de lassitude. Et pour cause : dans sa cellule, l’Agenaise «n’y croit plus» et «ne comprend pas la lenteur de la justice turque».

«Manipulation»

Sabah Ezzedi se dit victime d’une «manipulation». Serveuse depuis quinze ans au buffet de la gare d’Agen, elle s’était liée d’amitié avec une Malienne qui lui aurait proposé de l’accompagner pour un week-end à Istanbul en juin 2007 : un séjour cinq étoiles, payé par son compagnon sénégalais, installé pour «affaires» dans la mégalopole turque. Sabah accepte. Le séjour est idyllique. Jusqu’à ce qu’on lui confie une valise d’effets personnels à rapporter en France. Et qu’un chien renifleur signe son arrestation.

Aujourd’hui, c’est donc la déception. Et de nouveau l’attente. D’autant que, en vertu de la convention judiciaire entre la France et la Turquie, Sabah Ezzedi pourrait purger sa peine dans l’Hexagone. Or, «tant qu’elle n’est pas condamnée, les autorités françaises ne peuvent pas intervenir dans le dossier», rappelle Me Bruneau. Ce qui explique que sa famille et son comité de soutien se sentent «si seuls en ce moment, surtout par rapport au cas Florence Cassez», ultra-médiatisé. Le comité de soutien de la prévenue a sollicité en décembre un entretien auprès du président Nicolas Sarkozy et du ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner. Pour l’heure, les lettres sont restées sans réponse. «C’est pas sympa, regrette sa soeur Bouchra Ezzedi, Sabah est autant Française que cette dame au Mexique». «On ne comprend pas ce qu’il faut faire pour que son cas soit médiatisé» renchérit Angélique Semon, présidente du comité de soutien, qui met également en avant la différence de traitement entre «quelqu’un accusé d’enlèvements et de séquestration» et «Sabah, qui avait 684 grammes de cocaïne dans ses bagages».

Charlotte Menegaux (lefigaro.fr) 09/03/2009

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