COUR D’ASSISES. Ahmad Naveed, le serveur d’un restaurant pakistanais de Rouen, répond depuis hier d’une accusation de viol qu’il conteste. Explications.
Viol ou rapport sexuel consenti ? L’un des deux protagonistes ment, forcément. Deux versions s’opposaient farouchement hier devant les jurés de la cour d’assises de Seine-Maritime, chargé de juger et dire si une jeune américaine de 19 ans, Mallory H., tout juste débarquée de son avion, avait été violée dans la soirée du 29 mai 2005 par le serveur d’un restaurant Pakistanais avec lequel avait sympathisé dans la soirée (lire notre édition d’hier). « Elle est revenue en France pour retrouver la paix de son esprit, pour que ce crime ne soit pas impuni, elle attend la justice de la France », déclarait son avocate Me Céline Gibard.
Ce soir-là, la jeune femme était fatiguée du voyage. Obligeamment, le serveur lui a proposé un apéritif gratuit, puis des digestifs. Ivre et épuisée, la jeune femme s’est laissée convaincre de rejoindre le serveur dans son appartement, bien qu’elle disposât d’une chambre d’hôtel (ce qu’Ahmad Naveed nie farouchement avoir su).
« Vierge : l’idée semblait l’exciter »
Malgré une différence d’âge de 16 ans, elle a accepté un baiser, y a même répondu. « Mais quand il a commencé à me déshabiller », disait hier Mallory, une petite femme blonde à la corpulence menue, « j’ai pensé que je ne voulais pas aller plus loin. Je lui ai dit d’arrêter car j’étais vierge. Cette idée semblait l’exciter. Il m’a tenu par les mains… » et ce fut, selon la partie civile, des viols. « Il a pris un chiffon pour essuyer les traces de sang et m’a dit qu’il le conserverait toute sa vie ». Ce n’est qu’au matin, après avoir dormi, qu’elle a trouvé la force de résister et de partir. Elle a immédiatement déposé plainte.
« Je ne l’ai pas forcée à boire », protestait Ahmad Naveed, qui est défendu par Me Etienne Noël. « Elle m’a dit qu’elle n’avait pas d’hôtel. Pendant le rapport sexuel, elle m’a simplement dit qu’elle avait un peu mal, alors je me suis reculé ». « Mais alors, pourquoi dénonce-t-elle un viol ? », demande le président Bernard Delache. « Je ne suis pas habitué à coucher avec toutes les femmes », proteste cet homme au teint olivâtre, maigre dans son blouson noir. « Je ne suis pas un professionnel. Mais quand on a commencé à faire l’amour, elle m’a fait un signe avec la main ». « Et vous avez passé outre à son interdiction, à l’interdiction de cette jeune femme fatiguée, alcoolisée », assène le président. « Mais elle était consentante. Je ne suis pas un série-violeur », protestait Ahmad Naveed dans son français approximatif, lui cet immigré venu à 17 ans en France, naturalisé depuis par mariage.
La cour doit rendre son verdict aujourd’hui. Ahmad Naveed avait déjà été condamné, par défaut, à huit ans de prison en 2009.
B. M.-C.
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