Un homme en a poussé un autre, qui est mort d’une fracture du crâne : c’est le dossier qu’examinent les assises jusqu’à demain soir.

DEPUIS hier, la cour d’assises des Ardennes juge deux hommes, Frédéric Herbin, 41 ans, ouvrier et son demi-frère, Mickaël Boudesocque, 23 ans, étudiant à l’école de la deuxième chance, tous deux de Rethel, ainsi que Michel Percheron, 51 ans, gérant/barman du bar-brasserie Le Marcassin, rue Curie à Rethel.
Ils sont impliqués, à des degrés divers, dans la mort de Joël Vasseur, 36 ans, hébergé à l’époque par un ami « du voyage » de Rethel, survenue le 7 janvier 2007 dans la nuit.
Au premier, titulaire déjà d’une quinzaine de condamnations, pour faits d’ivresse et de vols, il est reproché des violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Pris à partie par la victime, à qui il avait, il est vrai, volé son sac à dos un peu plus tôt dans la journée, il l’avait repoussée violemment. Joël Vasseur, qui était en état d’ivresse à ce moment-là (2,20 g d’alcool dans le sang) était alors tombé lourdement en arrière et sa tête avait heurté le trottoir, lui provoquant une fracture du crâne. Il est défendu par Me Florian Auberson.
Au second, déjà condamné, aussi, à une ou deux reprises, pour vol et conduite alcoolisée, il est reproché d’avoir été témoin du vol du sac à dos commis par son demi-frère et d’avoir profité de son contenu, à savoir quelques gâteaux, un pack de bières et un téléphone portable. Il est défendu par Me Armelle Cherrih.
Au troisième, le patron du bistro, encore jamais condamné, il est reproché de ne pas avoir porté assistance à Joël Vasseur, de ne pas avoir alerté les secours et de n’avoir pas dit aux pompiers, lorsqu’il s’y était enfin résolu, qu’il y avait un blessé se tenant la tête à une de ses tables, craignant, semble-t-il, une fermeture administrative de son établissement… De la sorte, Jean-Michel Vasseur était demeuré plusieurs heures sans avoir reçu les soins que nécessitait pourtant son état. Et il avait succombé, quelques jours plus tard, à l’hôpital de Reims. Il est défendu par Me Richard Delgenes.
La misère des accusés et de la victime
La journée d’hier a été essentiellement consacrée, grâce aux méticuleux interrogatoires du président Gilles Latapie, à faire connaissance avec les trois protagonistes. Les deux premiers, sur fond de misère sociale, d’enfance bringuebalée, avec frère et père de l’un ou de l’autre se suicidant, le tout baignant dans l’alcool à haute dose. Le troisième étant décrit, à l’inverse, par tous les témoins cités à la barre, comme un commerçant respecté, tenant bien son établissement, n’aimant pas les histoires et n’en ayant jamais eu, d’ailleurs, jusqu’à ce tragique soir-là.
Avec, en face d’eux, pour faire « revivre » la victime jusqu’au verdict de demain soir, son frère, Jean-Michel Vasseur, souvent au bord des larmes, quand il entend, par leurs témoignages, comment tous les consommateurs du bar, ce soir-là, trop occupés à picoler, ont été indifférents au drame qui se jouait. Il est assisté par Me Corinne Morival, du barreau de Dieppe, où il demeure.
Or, on a bien compris, lorsque le président Latapie l’a invité à parler de Joël, que la misère avait été aussi au rendez-vous de leurs premières années.
Que d’avoir été placés, l’un et l’autre, dans une famille d’accueil où ils avaient grandi, les avait soudés à jamais. Et que même s’ils ne se voyaient plus régulièrement, depuis que ce dernier était parti vivre de petits boulots avec des copains « manouches », sa mort, surtout dans de telles conditions, a bien du mal à passer…
G.G.-M.
Lundi et mardi, avait comparu libre Jean-Luc Guillaume, de Raucourt-et-Flaba, accusé de viols et agressions sexuelles sur une gamine, de surcroît victime d’une grave maladie évolutive. Il a été condamné à six ans de prison et placé aussitôt sous mandat de dépôt.

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